En route pour Pokhara, le mardi 26 octobre.


Départ très matinal. On récupère au passage une amie, fraîchement arrivée de Hong-Kong dans la nuit. Direction la gare routière pour prendre un bus vers Pokhara. Le nombre de bus en partance pour Pokhara est impressionnant, d’autant plus qu’ils partent à la même heure. Alors que les pauses s’enchaînent, on croisera notre ami Dhana. Il nous attendra à son arrivée à la gare routière de Pokhara.

Six heures de voyage étaient planifiées, c’étaient sans compter sur les bouchons qui sont légion. Une seule voie mène à Pokhara, ce qui explique la situation. La montagne n’aidera pas le Népal, déjà pauvre, à construire d’autres voies de circulation.

Nous rigolons parfois de la stupidité de certains qui essaient d’en doubler d’autres et qui par leurs actes bloquent complètement la circulation. Quelques népalais n’hésitent pas, dans un calme exemplaire, à les réprimander, non pas en hurlant dessus, mais en les empêchant d’avancer dans la montagne, leur laissant prendre le risque d’esquinter leur véhicule lorsque les camions et bus venant en sens inverse passent à leur côté, à quelques centimètres.

Philémon nous émerveille. Nous qui craignions qu’il s’impatiente, il joue dans le bus avec tout à chacun, il se plaie à regarder par la fenêtre. Ce ne seront pas les paysages, aussi splendides qu’ils soient qui l’émerveilleront, mais bien le défilé de bus et de camions, soulevant la poussière à chaque passage, qui l’amuseront.

Des six heures de transport prévues, nous en effectuerons dix heures et arriverons à une heure avancée à Pokhara. Nous ne verrons pas grand chose de la ville, ne pourrons observer la montagne environnante. Dhana aura eu la gentillesse de nous attendre.

La ville doit sa réputation à sa situation. Elle est un poste avancé dans la chaîne montagneuse. Située sur un lac, elle offre quelques paysages reposants. Point de départ de trek, elle offre aussi quelques activités touristiques. On sent ici que le tourisme est de longue date. La culture népalaise s’efface au profit d’une autre plus cosmopolite. Les échoppes népalaises habituelles ont laissé place à des restaurants, des salons de massage, des disquaires,… La ville est prête à répondre aux besoins d’un tourisme de masse, qu’il soit ou non venu pour effectuer un trek.


Pokhara, sur Lake Side et Sarangkot, le mercredi 27 octobre.


Le temps est au beau fixe. Nous retrouvons notre ami Dhana avec qui nous pourrons partager une journée avant qu’il ne parte guider ses amis pendant 5 jours dans la montagne environnante.

Nous nous rendrons avec lui à Sarangkot, à quelques kilomètres de Pokhara, un point avancé qui fournit une vue imprenable sur la chaîne des anapurnas. En y grimpant, nous comprenons que nous ne sommes pas prêts pour un quelconque trek. Merci Dhana de nous avoir accompagné et de nous avoir aidé à porter Philémon. Dix kilos, ce n’est pas tant que ça quand on y pense… Mais si on y ajoute l’intendance, on double facilement la mise… Et c’est là que le bas blesse… Bref, aucun trek ne sera de la partie et nous profiterons plutôt des charmes des villes, de ses populations, nous contenterons de courtes promenades faciles dans la campagne.

Notre petit bonhomme profite à sa manière des charmes népalais. Au point culminant, pendant que nous observons la chaîne montagneuse, ses neiges éternelles, notre petit bout joue avec sa voiture miniature. C’est tout dire.

De retour dans l’après-midi, un petit tour en barque sur le lac s’organise, ainsi qu’une visite du temple Barahi, où un nombre important d’indiens se sont donnés rendez-vous. Le coucher de soleil sur la chaine montagneuse flatte notre vue. On regrettera seulement que celle-ci ne se reflète pas sur le lac pour nous offrir une carte postale idyllique. Ne soyons pas trop exigeant et contentons-nous de ce que nous avons.

On retourne à notre ghest house en longeant le lac. Une vraie ville balnéaire ce Pokhara !!!
Philémon quittera mes bras pour avancer seul, s’amusant à grimper sur les cailloux, en observant les chiens, en suivant malgré tout les traces de Dhana, son pote.


Pokhara, dans la vieille ville, le jeudi 28 octobre.


7h00. La famille dort. Je m’instale paisiblement dans un café, observant la ville en éveil, en musique.

La famille me rejoint et nous prenons la route de la vieille ville, pour visiter les quelques attractions et sites reconnus, ses temples, une “bat cave”, les “davi’s fall”.

Décidément, visiter un pays avec un enfant de deux ans à peine n’est pas aisé. Ce sera la première longue marche de notre petit père. Son pote Dhana aura éveillé chez lui quelques velléités à marcher. Le problème, c’est qu’on a plus tendance à reculer qu’à avancer. Une marche très longue s’engage donc… Nous sommes ralentis mais faisons en sa présence des rencontres sympathiques. Partout les portes s’ouvrent.

On retrouve dans la vieille ville l’ambience népalaise. Je suis surpris par l’étendue de Pokhara. Moi qui pensais trouver une petite ville paisible de montagne, on se retrouve dans une ville immense, fortement peuplée et une activité commerciale importante. Lake side, où nous résidons, n’est qu’un point d’attache pour les touristes de passage. Dans la vieille ville, il fait bon arpenter quelques rues typiques pour y observer l’architecture et observer au fond quelques montagnes aux neiges éternelles.

La superficie et la lenteur de nos déplacements auront eu raison de nous. Nous verrons effectivement quelques temples, une cave où de nombreuses chauve-souris ont élus domicile et n’auront pas pu prendre le temps nécessaire à la visite des chutes de Devi. Dans tous les cas, notre plaisir, nous l’aurons pris dans la découverte de la ville, de ses temples,…


Retour sur Bhaktapur, le vendredi 29 octobre.


Une journée de bus s’engage. Elle débute dans le brouillard. Bercé par une route cahoteuse, Philémon dort.

Le soleil frappe à nouveau à midi. Un repas est pris dans un boui-boui, histoire de grignoter quelques pakodas.
Pour Philémon, la chasse aux mouches débute.

Dernier col avant Kathmandu. La circulation y est difficile. On ne rencontre pas de bouchons interminables comme à l’aller mais on roule au pas. Sous une chaleur éprouvante. On bouffe littéralement la poussière.Lumière divinePagode à cinq toits

Arrivés dans la fin de journée, nous rejoignons directement Duwacoat pour y retrouver nos amis et les enfants du centre Thanaka. Nous souhaitons séjourner sur Bhaktapur. C’est amusant de constater que la capacité d’accueil y est très restreinte. C’est incompréhensible ! Il est vrai que la ville n’offre pas d’activité touristique le soir venu… Le silence règne ici la nuit tombée. Cependant, la ville est si belle. L’observer à différents moments de la journée et de la nuit offre un intérêt certain. Il semble que les touristes préfèrent la visiter de jour. Une ville-musée, voilà tout. Au moins, cela contribuera à sa préservation et c’est tant mieux.


Sur Bhaktapur et Patan, avec les enfants du centre Thanaka, le samedi 30 octobre.


Petite ballade matinale. Les actes religieux sont de mises. Partout l’encens brûle, partout les offrandes fleurissent. Avec les moissons, quelques places sont couvertes de pigeons. Ils s’envolent brièvement au passage de quelques piétons, offrant un spectacle saisissant.

La ville conserve décidément ses charmes médiévaux. Ici, on a l’impression que l’évolution s’est arrêtée voilà quelques centaines d’années. L’industrie s’est arrêtée à ses portes, les traces de modernisme également.
Nous avions tout fait pour pouvoir partager une journée avec les enfants du centre de Duwacoat. Les enfants scolarisés par l’association humanitaire n’ont pas école le samedi. Il était donc important pour nous d’être là ce jour.

L’alliance française organise sur Patan un festival et a convié pour l’occasion le groupe Tryo pour y réaliser un concert. Nous avions laissé aux enfants un CD dans la semaine, pour qu’ils puissent prendre connaissance des musiques. On est loin des chansons népalaises, et les enfants ne semblaient que moyennement enjoués. Toujours est-il que les textes de Tryo offrent suffisamment de matière pour que nous proposions ultérieurement un travail éducatif intéressant.

A midi, lorsqu’on les retrouve, on sent dissimulée au plus profond de leur âme une certaine joie. La réserve népalaise est touchante. Elle est exacerbée chez les enfants pris en charge par l’association. Je suis surpris par Bindu, la dernière arrivée dans le centre, qui est plus démonstrative que les autres.

Les langues commencent à se délier néanmoins. On échange davantage sur la vie de tous les jours. Les enfants s’enquêtent de savoir comment vont les membres de l’association en France. Philémon commence, lui, à s’accoutumer à cette grande famille qui lui prête mille attentions et joue avec lui.

Un bus est loué et nous permettra de débuter l’après-midi par une visite de quelques villages traditionnels, Kakhora et Bungamati, avant de nous rendre à Patan. Les enfants sont ravis. Il ne leur est pas fréquent de se déplacer. Les groupes se forment, se prennent la main et arpentent joyeusement les rues.

L’alliance française a décidément fait les choses en grand. Patan offre de loin le Durbar Square le plus impressionnant de la vallée de Kathmandou. A la nuit tombée, chaque temple revêt quelques couleurs. Au centre, la scène est installée. Nous trouvons une place parmi la foule et écoutons la musique française. Les enfants sont perplexes. Je crois que le choc culturel est important. Ils diront apprécier la musique, mais dans cet instant, je doute quelque peu.

Un dîner tardif est pris sur Bhaktapur. Les enfants se seront couchés tard.
Rentrés à 22h30, les enfants se lèveront demain dimanche à 5h00 pour partir, comme tous les jours, à l’école.
Espérons qu’ils ne soient pas trop fatigués et que leurs familles respectives ne nous en voudront pas, lorsqu’elles qu’elles les retrouveront la semaine prochaine pour Tihar.


Sur Bhaktapur, à la rencontre des artisans de Thanaka, le dimanche 31 octobre.


Une journée d’errances est prévue. Et la ville est parfaitement disposée à ce genre d’activité. Ici, il ne sert à rien de planifier un itinéraire, de courir. Il vaut mieux se perdre dans le dédale de ruelles pavées, observer la vie, les habitants qui vaquent à leurs occupations, s’arrêter pour siroter un thé népalais dans une échoppe, voir les artisans à l’oeuvre.

Toujours sur les traces de l’association Thanaka pour laquelle nous achèterons de l’artisanat, nous croisons Tulsi, un sculpteur sur bois, avec qui nous partageons un thé. Tulsi n’est pas peu fier d’avoir participé à l’élaboration du pavillon népalais de l’exposition universelle de Shangaï. Quelques photos, précieusement conservées en témoignent. Son humilité est incroyable, sa gentillesse aussi lorsque Philémon s’amusent dans son échoppe avec une voiture en bois qu’il a sculptée et qu’il lui offre. L’association a bien raison de lui acheter quelques produits.

Parmi les autres produits que Thanaka achète dans cette ville, nous observons quelques mandalas et tangkas, ces peintures que quelques uns produisent dans les règles de l’art tibétain et qui exigent une concentration totale.

Nous en visiterons une école, qu’un dénommé Amit, ami d’enfance de Prithivi, nous présente. Il nous expliquera dans un anglais parfait les significations de chaque mandala, de pures représentations de stupas, avec leurs six cercle et treize carrés, autant d’étapes que l’homme devra traverser pour atteindre le nirvana, passant par différents stades, du corps à l’esprit, de l’esprit à la pensée…

Dans cette école, les tangkas sont réalisés dans les règles de l’art, dans le plus pur respect des règles tibétaines. Aucun but lucratif n’est visé avec la revente des produits, mais bien celui de préserver l’art et la tradition… Les oeuvres de maître sont splendides et évidemment onéreuses. On se contentera de quelques oeuvres d’élèves.

Mais la ville, c’est aussi sa place des potiers, où de très nombreux films, notamment indiens, ont été tournés. A la veille du Tihar, la vie y bat son plein. Quelques milliers de coupelles y sont conçues, dans lesquelles brilleront mille flammes dans quelques jours, lorsque la ville s’illuminera à la bougie.

Dans la soirée, nous quittons malgré nous la ville pour Kathmandu. Un bus nous attend demain matin à la première heure pour le Chitwan.

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