Kathmandou, enfin presque, le samedi 15 octobre.


Je me demande pour quelles raisons j’ai choisi de loger sur Kathmandou. Nous traversons Thamel à la première heure, direction la gare routière et sautons dans un un bus pour Duwacoat, pour retrouver nos amis, responsables d’une des maisons d’accueil pour enfants défavorisés de Thanaka. Les retrouvailles avec Prithivi, Surya et Chayan sont chaleureuses. Un ballon de foot est gonflé et quelques passes échangées. Un thé est partagé.

C’est la fin de Dasain, les enfants ne sont pas dans le centre, ils rentreront de congés tout au long de la journée.

Dans l’attente, nous profitons du calme pour nous rendre sur Bhaktapur, profiter de ses charmes, errer dans ses rues, rencontrer quelques têtes connues… Le temps y passe vite. Nous ne retournons que tardivement dans le centre, juste le temps de passer le namaste à tous les enfants et de repartir.

Je suis un peu frustré de ne passer davantage de temps en leur compagnie, mais me dis aussi que nous aurons bien des occasions de les retrouver. Le Tihar débutera la semaine prochaine… Une autre période de congés avec lui… Les enfants seront donc libres… Nous organiserons une rencontre entre les enfants des deux centres de Thanaka. Le message est passé. Nous irons tous sur Pokhara pour le week-end. Tout le monde semble réjoui par cette idée.

Pour nous. L’heure est à l’organisation. Nous appelons Dhana, le suivrons dès demain, dans son village et celui de sa femme.


Chukha, le dimanche 16 octobre.


Nous partons ce matin à une heure avancée pour Benapa. Trop avancée de fait… Nous ne parcourons que quelques dizaines de kilomètres mais le temps qu’il est nécessaire pour les effectuer s’écoule lentement. Au final, nous parvenons tardivement sur Benapa, ratons le bus de 10 heures et devrons attendre 14 heures pour le prochain. Une belle occasion de nous plonger dans la vie poussiéreuse de cette ville, de satisfaire l’appétit de notre ami, Dhana. Le Dal Bath de 10 heures, c’est précieux.
Les quelques heures qui nous attendent nous permettrons de visiter la petite ville de Dhulikhel, avec ses fenêtres et portes sculptées dans la pure tradition Newar. Loin de la foule de Katmandou, il est agréable ici de saluer les passants.

14 heures.
Nous nous entassons dans un bus comble, que l’oncle de Dhana, Astroman, conduit. Deux heures durant, nous grimperons dans la montagne par une piste à la pente sévère, nous laisserons bercer (effrayer) par le balancement du bus qui dévoilera parfois un ravin quelques peu profond, de plusieurs centaines de mètres.

Alors que nous laissons le bus repartir sur sa piste, nous prenons le chemin de Chukha. Une petite marche de une heure trente seulement nous permet d’atteindre à la nuit tombée la demeure des beaux parents de Dhana. L’hospitalité népalaise entre en scène. Nous prenons une véritable leçon de vie. Le voyageur de passage est ici roi. Un Dhal Bath est préparé alors qu’un vin local nous est proposé et nos lits désignés.

Le village est magnifique. Ses demeures traditionnelles, aux sols de terre battue et meubles sommaires, bâties à même la montagne surplombent les champs en terrasse. Nous sommes ici plongés dans le Moyen Âge. Le premier étage accueille la cuisine – nous y mangerons quelques Dal Bath, préparés à même le sol, dans une ambience logiquement enfumée – et le bétail – quelques chèvres et poules, alors que le second accueille nos chambres, et les récoltes diverses – une bonne nuit nous attend, en compagnie de souris, avides de maïs.
Alors que nous sommes fatigués nous voyons de nombreuses personnes grimper, en tong qui plus est, chargés de quelques dizaines de kilos. Respect… Encore davantage lorsqu’elles s’arrêtent pour nous saluer.


Birta Deurali, le lundi 17 octobre.


Il aurait sûrement été préférable que nous partions de plus bonne heure. Nous avons pris notre temps ce matin, histoire de profiter de l’hospitalité de nos hôtes. Les parents de Pasang, Urmati et Dhana Bir, se sont montrés remarquables. Un Dal Bath, ca ne se refuse pas, quand bien même nous ne sommes pas habitués à engloutir de pareilles quantités aux premières lueurs. Résultat, nous avons pris la route bien tardivement, aux alentours de 7h30, pour une descente de 2h.

Il aurait été aussi sûrement plus sage de ne pas boire de bière, alors que stupidement nous n’avions pas pris d’eau avec nous et que l’échoppe ne proposait pas d’eau en stock. Résultat, là où un népalais mettrait deux heures et demi pour grimper les quelques 800 mètres de dénivelés pour atteindre le village de Birta Deurali, nous aurons mis près du double, sous un soleil de plomb. Et arrivés dans l’après midi, c’est avec une joie non dissimulée que nous profitons de l’hospitalité des amis de Dhana.

Alors que nous visitons le dispensaire que l’association Thanaka a financé, une table de fortune est improvisée et un apéritif de bienvenue organisé par Kali, le meilleur ami de Dhana et principal d’une des sept écoles de la ville, et Puru, le docteur. Le soleil commence à se faire moins fort, et un léger vent nous réjouit. Nous regardons le chemin parcouru ce jour, en observant depuis là le village de Chukha, sur l’autre versant, à la même altitude de celle à laquelle nous nous trouvons.

Nous gagnons dans la soirée, la demeure dans laquelle nous sommes conviés à séjourner. Elle appartient aux cousins de Dhana, Ram, Goma et leur deux enfants, John et James qui nous ont déjà à la bonne.

Nous décidons de modifier légèrement nos plans. Compte tenu de notre état de fatigue, nous choisissons de rester une journée dans Birta et ne prendrons le chemin du retour que mercredi.

Nous observons le soir venu le soleil se coucher, et la vie se plonger doucement dans le noir, alors que l’électricité n’équipe pas encore les lieux. Le tout en compagnie de nos hôtes, de Dhana, de ses amis et des quelques bovins fournisseurs de lait et autre. Magique.


Birta Deurali, le mardi 18 octobre.


Réveil matinal. Congés ou pas, les népalais se lèvent tôt. Et si l’hospitalité qu’ils manifestent est sans égal, ils ne changent rien à leurs habitudes. C’est bruyamment qu’ils vaquent à la première heure à leurs habituelles occupations. Par la force des choses, nous nous hissons difficilement de nos lits, nos paillasses de fait. Notre dos habitué à davantage de confort se rebelle. On se gardera bien cependant d’une quelconque remarque. Après tout, ces paillasses sont les leurs. Ils nous les ont laissé pour prendre place dans des coins probablement bien moins confortables.
On se penche à la fenêtre, on leur glisse un doux Namaste. Nous nous empressons de leur préciser qu’il n’est pas nécessaire de nous préparer un Dhal Bath, non pas que nous n’aimons pas ça, mais à 6 heures du mat, c’est un peu difficile d’avaler tant de nourriture. Un thé nous suffit amplement.
En prenant position dans la cour, nous remarquons que deux chevreaux sont nés dans la nuit. C’est mignon ces petites bêtes, têtu mais mignon.
Comme nos hôtes, nous faisons un brin de toilette, dans l’espace réservé à cet effet, seul endroit où l’eau courante parvient difficilement, à même la cour, face à tous.

Le réveil se fait en douceur. La vallée se trouve dans les nuages. Nous les surplombons.
Un petit tour plus en hauteur encore nous offre une vue incroyable, sur 180°. Les sommets alentours semblent des îlots. On comprend maintenant les raisons pour lesquelles les népalais ont depuis des lustres peuplés les monts. Les peuples avaient d’ici une vue imprenable sur les autres et restaient protégés de la moindre tentative de renversement.
Nous y resterons perchés une bonne heure, le temps que Kali nous rejoigne, nous invite à partager un thé, avant que nous allions déguster un Dal Bath en famille, bien avant que nous visitions une des écoles publiques du village, que nous refassions une échappée au dispensaire.

En cette période de congés, les garçons jouent tous azimuths, tandis que les filles suivent leurs mères, pour aller chercher du bois ou des légumes, et remontent ces précieux mais lourds éléments dans leur foyer. Le féminisme tarde à arriver dans ses lieux !

Une journée oisive en quelque sorte, rythmée par quelques rencontres et paysages somptueux, guidée par l’hospitalité sans pareil des népalais.


Retour sur Kathmandu, le mercredi 19 octobre.


Cela fait maintenant plus de deux ans que Birta dispose d’une route. Un bus y passe quatre fois par jour.

En attendant le premier passage, nous partons pour une traversée du village, dans l’observation de ses toilettes. Le financement de toilettes était, après celui de lampes solaires, l’un des premiers projets de l’association Thanaka dans ce village. Dhana n’est pas peu fier de nous montrer son nom sur certaines d’entre elles. A chaque fois, une inscription indique la provenance des fonds. Je me dis que l’association a eu beaucoup de chance de trouver une personne comme Dhana, que Birta a beaucoup de chance, d’avoir parmi ses citoyens, une personne comme elle.

Le bus est à l’heure, et nous partons dans une échappée montagnarde, par une route étroite et cabossée, à la quête de trois cols. Je sais maintenant que je suis soumis aux vertiges. Les chauffeurs népalais sont indiscutablement parmi les meilleurs du monde. Ils parviennent à suivre des chemins, considérés par nous autres occidentaux, impraticables. La pente est raide, la route étroite, les ravins on ne peut plus profond. Le bus dance sur les moindres Rochers et trous.
Il y a de quoi devenir vite croyant et prier.

Avant de retourner tardivement sur Kathmandu, nous faisons à nouveau halte à Dhulikhel et visitons l’élevage de poulets dans lequel Dhana s’est lancé avec trois de ses amis. Une capacité de production de 4000 poulets… Chapeau Dhana !

C’est donc tardivement ce soir que nous gagnerons une chambre dans la capitale et nous laverons de la poussière népalaise.

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