D’Anakao à Fianarantsoa en repassant par Tuléar


Anakao et Tuléar, le lundi 1er septembre.


A côté de Morondava, Tuléar fait figure de ville moderne avec ses larges avenues (goudronnées), ses panneaux publicitaires,… Mais à son image, Tuléar présente une hospitalité similaire. On se prend vite de sympathie pour ces propriétaires de bicoques, épiciers ou restaurateurs improvisés. Plusieurs passages successifs et quelques paroles échangées suffisent à nouer des contacts durs. Monsieur Abraham à Morondava avait su nous régaler avec ses petits déjeuners, Madame Vincent fait de même à Tuléar. Et voilà que nous proposons à Madame Vincent de beurrer ses tartines, afin qu’elle vende ces derniers au double du prix (« si si Mme Vincent, ils le font à Morondava et ça marche »)… Elle essaiera demain. Pour l’heure, et pour justifier nos propos, il nous faut acheter du beurre à l’épicerie d’à côté… On lui laissera le surplus.

Tuléar, on regrettera de ne pas y rester une journée, faute de temps. Nous avons peut-être prévu large dans notre parcours. Les transports sont tellement longs et difficiles qu’il nous contraignent à revoir notre itinéraire. Enfin, si nous sommes descendus à Tuléar, c’est pour la station balnéaire d’Anakao à une heure trente par bateau de cette ville.

Petit village de pêcheurs Vezo, niché à une quarantaine de kilomètres au sud de Tuléar, Anakao est en essor permanent. Il faut dire qu’il a de quoi satisfaire les amateurs de farniente ou tout simplement, comme nous, les voyageurs crevés des longs trajets effectués à la merci de la poussière malgache.

Le village reste authentique et le littoral n’est en rien défiguré. De petites cases en bois sont à la disposition des touristes de passage. En cette période de vacances, les enfants sont en permanence plongés dans ses eux limpides.

Nous regretterons néanmoins que les hordes de touristes antérieurs aient pu distribuer à ce point des cadeaux, stylos,… Le blanc passe résolument pour un animal souhaitant se débarrasser de ses objets. Comme si ça leur rendait service. Plutôt que de donner des bonbons, le vahaza ferait mieux de se faire dentiste et de venir exercer dans les environs. Ça lui permettrait de soigner le mal qu’il génère. Dans tous les cas, on ne le dit jamais assez, les distributions de stylos, médicaments, affaires vestimentaires et autres doivent se faire auprès d’organismes locaux. La distribution locale n’en n’est que plus juste.

Dans tous les cas, à Anakao, tous les vezos nous demandent un cadeau, jeunes et moins jeunes. Et pour la première fois depuis notre arrivée au pays, nous rencontrons une personne non digne de confiance. Bref, à Anakao, nous restons entre vahaza et profitons des charmes du site.

Ici, pas d’électricité, pas d’eau potable, pas de moustique,… Seulement du sable fin, des eaux limpides, des bateaux de pêcheurs. Les voir circuler sur les eaux est un spectacle envoûtant.

C’est d’ailleurs à peu près le seul spectacle que nous observons pendant une journée complète. Le dimanche, nous avions prévu une petite virée dans la réserve de Tsimananpetsotsa, la plus représentative apparemment du sud malgache, de ses nombreuses variétés d’euphorbes, de ses cactées, de ses cinq sortes de baobabs… Tout aurait pu être parfait !

Nous attendons le matin un 4×4, une heure puis deux… « Alors Mme Anesa, que fait le guide ? » Elle appelle, il faut attendre, il arrive. Trois heures, quatre heures, il est maintenant onze heures et notre virée a de fortes chances d’être compromise.

A midi, nous récupérons notre avance. Dommage pour Madame Anesa, elle qui se faisait une joie de nous accompagner. C’est probablement la plus triste. Le guide, lui arrive avec ses six heures de retard (quoi de plus normal !) et nous explique que de toutes façons, ce n’était pas possible. On se demande alors à quoi lui sert son téléphone !

Toujours est-il que nous passons cette journée à sympathiser avec à peu près tout le monde, observant les bateaux vezo naviguer.

Le plus amusant, c’est que la même compagnie qui devait assurer notre virée à 4×4, assure notre retour à Tuléar le lundi, retour fixé à quinze heures.

Alors que nous profitons dans la matinée des charmes de Nosy Ve, bande de sable émergeant des eux vertes, à vingt minutes à pirogue à voile de la côte, alors que nous ne voyons pas le temps passer, observant les « pailles à queue rouge », seul endroit de Madagascar où ils se reproduisent, grignotant un morceau de poisson grillé, cette compagnie qui affrète le bateau pour nous ramener, nous voyant arriver en retard s’exclame : »mais c’est l’heure ! ». Nous sommes sur les fesses. Cette compagnie qui nous a fait poireauter six heures le jour précédent a bien failli partir sans nous, pour un petit quart d’heure de retard.

Mais ce qui reste mémorable, c’est incontestablement le spectacle des baleines à bosse qui s’exercent à quelques pirouettes pendant notre retour. Nous souhaitons maintenant plus que jamais revoir ce spectacle à Sainte-Marie dans une semaine.

De retour sur Tuléar pour une soirée, nous réorganisons encore notre itinéraire.


Fianarantsoa, le mardi 2 septembre.


Une journée complète de taxi-brousse depuis Tuléar pour rejoindre cette ville des hauts plateaux, connue pour ses plantations de thé, ses vignes,…

Elle est aussi le point de départ de nombre d’excursions. Nous avions prévu de prendre le train, vieux de cinquante ans, pour rejoindre Manakara. Ce trajet semble exceptionnel à en entendre les voyageurs. Toujours est-il que nous renonçons aux huit heures de taxi-brousse qu’il nous faudrait pour repartir sur Ranomafana.

C’est un fait, les transports à Madagascar sont éprouvants et ont fini de susciter chez nous l’envie de les prendre.

Nous irons donc directement à Ranomafana depuis Fianarantsoa, à deux heures trente de route, dans deux jours.


Fianarantsoa, le mercredi 3 septembre.


Fianarantsoa est résolument une grande ville. Quel plaisir de ne perdre qu’une demi-journée dans des tâches administratives alors que deux peuvent être nécessaires dans d’autres villes. Ici, tout va très vite.

Si la nouvelle ville ne présente pas les charmes d’autres petites bourgades, on prend plaisir à sillonner les étroites ruelles pavées de la vieille ville, nichée à flanc de colline, offrant de belles vues sur le plateau.

En ces jours, la rentrée des classes est proche. Chaque enfant cherche à vendre des cartes, des dessins en échange de cahiers. On en aura offert deux dans la journée mais ne pouvons subvenir aux besoins de la centaine d’autres. D’autres vahazas feront de même.

Nous nous amusons avec un enfant que nous avions rencontré, il y a quinze jours de ça, à Antsirabe.

Nous lui avions alors refusé ses offres de cartes. Dans un français impeccable, il s’est plaint qu’on ait acheté un cahier à un autre alors qu’il avait été le premier à nous solliciter. Nous avons bien fini par accepter. Sa malice nous a charmé…

C’est rien de le dire !

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