Bodnath, Patchupatinath, Bhaktapur, le mercredi 26 octobre.


Venir sur le Népal, disposer de temps dans la vallée de Kathmandu sans se rendre au Bodnath me parait impossible.

Ce matin, après que nous ayions passé une nuit reposante sur Duwacoat, après que nous ayions échangés un peu avec les enfants du centre, après que ces derniers aient quitté ce dernier pour fêter Tihar dans leur famille respective, nous avons donc pris le chemin de quelques temples sacrés.

Le Patchupatinath est un lieu de culte népalais et surtout le lieu dans lequel les cérémonies crématoires se déroulent et particulièrement celle des anciens rois népalais. De nombreux fervents et morts sont plongés dans les eaux sacrées et polluées à l’image du Gange de Benares. Ce qui est incroyable au Népal, c’est que le moindre site, combien même présente-t-il un intérêt historique, architectural et archéologique, continue d’être utilisé par la population, est laissé souvent à sa négligence. Ici, les touristes cotoient les fidèles, les sadhus, les personnes de grande pauvreté s’étant accaparés les lieux pour y loger.

Dans ce lieu, les singes ont aussi élus domicile. Et je déteste cet animal. Imprévisible, il menace d’attaquer lorsqu’on pénètre son espace de sécurité. Le problème, c’est que son espace est plutôt vaste, bien plus que le nôtre. Nous en auront fait les frais sur le chemin du Bodnath. Quelques égratignures, rien de bien méchant.

Au Bodnath, en plein milieu de journée, le nombre de personnes, qui circulent dans le sens des aiguilles d’une montre, est impressionnant. Le site est propre, ce qui est assez remarquable et agréable. Nous profitons de ce lieu pour nous restaurer. Posés sur une terrasse, au second étage d’un bâtiment, nous profitons d’un point de vue sur le temple aux lignes et courbes parfaites. Nous y observons le ballet incessant des pèlerins, touristes et autres. Au moins ici, nous sommes au calme. De là, les chants tibétains, diffusés par haut parleur, couvrent le bruit de la foule.

Le soir, nous partons sur Bhaktapur… Le Tihar a débuté et la ville a commencé à s’allumer de mille lumières. Des milliers de coupelles dans lesquelles mèches et huile prennent feu sont disposées à chaque ouvertue des maisons, sur chaque fenêtre, pour guider la déesse Laxmi jusqu’au temple de chaque habitation népalaise. Elle apportera chance et prospérité.

Après avoir errés dans la ville, en quête de quelques clichés, nous prenons le retour de Duwacoat… Prithivi et Surya nous y attendent pour quelques célébrations.


Changunarayan, Bhaktapur, le jeudi 27 octobre.


Le Changunarayan, un des plus vieux temples du Népal se situe pas très loin du centre de Duwacoat. Une petite promenade à pieds nous permet de l’atteindre en une heure. La région est belle, agricole, entretenue, propre. Pour l’atteindre, il nous traverser une forêt de pinson, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Au moins, nous sommes ici protégés du soleil. La similarité de cette forêt avec certaines françaises nous surprend même.

Le Changunarayan surplombe une petite colline. On sent ici que sa conception est ancienne, mais qu’il a dû subir de multiples restaurations, destructions, reconstructions. Les sculptures de bois dont il est pourvu n’ont en effet pas pu traverser les âges sans sévices.

Après nous être restaurés dans le village, nous avons pris, à nouveau et à pieds, le chemin de Bhaktapur, histoire de profiter de cette campagne agréable. Ici, chacun se plait à nous indiquer le chemin, chacun se plait à nous saluer. Les traces du Tihar habillent chaque demeure. Une heure vingt nous seront necéssaires pour atteindre la cité aux apparences médiévales.

Nous y retrouvons nos amis et nous joignons à eux pour aller fêter Tihar en famille… C’est la troisième fois que je viens sur le Népal, et la troisième que je tombe durant cet évènement. A nouveau, nous nous assirons par terre, dans la cuisine de terre batue, au dernier étage de la demeure familiale. A nouveau, nous recevrons respectueusement les offrandes que la maîtresse de maison nous offrira. A nouveau nous remercierons nos hôtesse de nous convier à pareil évènement et de nous offrir pareil repas, alors qu’on sait leurs revenus très modestes.


Kathmandu et Suryabinyak, le vendredi 28 octobre.


La fin de ce séjour népalais approche et, comme à l’accoutumée, la séance d’achat de produits d’artisanat est lancée. Nous partons donc ce matin pour Kathmandu, chez les artisans fournisseurs de Thanaka. Ce que nous n’avions pas prévu, c’est qu’en ce dernier jour de Tihar, l’ensemble des échoppes et autres seraient fermées. Nous aurons même du mal ce jour à trouver un restaurant ouvert.

Et finalement, nous appelons Dhana qui se fera un grand plaisir de nous recevoir dans son appartement. Nous y retrouvons sur place sa famille, ses frères et soeur. Une cérémonie improvisée est lancée et nous voici à nouveau frappés d’une tika, couverts d’offrandes. Des fleurs nous sont passés autour du cou et aux oreilles, et des assiettes très fournies nous sont données. Nous qui venons de manger ne pouvons honorer le repas qui nous est offert mais nous sommes touchés. Nous repartons de chez Dhana vers 17h, non sans avoir omis de les remercier tous chaleureusement, pour la maison de Surya, sur Suryabinyak.

Puisses-tu nous apporter…

Une autre cérémonie nous attend sur place. Nous remplaçons ici entre autre le frère de Surya, parti travaillé sur le Portugal. La cérémonie débute, à l’images des autres mais elle aussi a ses spécificités dont je ne comprend pas le sens. La finalité est la même, remercier les dieux pour l’année écoulée, et les inviter à apporter prospérité pour celle qui vient. A nouveau, nous sortirons de la maison avec une tika de plus, avec des fleurs au cou, des pétales plein les cheveux, des estomacs plus que rassasiés.

Si je n’en finis pas de les remercier de nous convier à de pareilles cérémonies, j’avoue que je ne suis pas mécontent ce soir d’en avoir terminé avec ces fêtes.


Duwacoat, le samedi 29 octobre.


Les enfants doivent revenir ce jour de leur famille. Ils reprendront les cours demain. Nous restons donc dans le centre à les attendre.

Ce matin, j’ai vécu une expérience très difficile.
L’association Thanaka n’a jamais cherché à faire de misérabilisme. Elle a toujours cherché à montrer des enfants en bonne santé, bien habillés. Dans les centres, chacun d’ente eux est heureux. Ils y vivent en harmonie comme une grande famille.
Ces derniers ont bien grandi, et désormais quelques uns ont quitté le centre. Cette année, trois enfants sont dans ce cas.
Les coûts des études supérieures étant très élevés l’association doit chercher d’autres moyens de financement tel que le parrainage. Je me suis rendu ce matin chez Alina, pour prendre connaissance de sa situation familiale, pour discuter avec elle…
Alina avait fait un usage important de rouge à lèvre le week-end dernier, alors que l’association l’invitait avec d’autres sur Pokhara. Bien habillée, rien ne laissait présager qu’elle puisse avoir besoin d’un soutien. Lorsque je suis arrivé ce matin à son domicile, ces effets de beauté avait disparu. Je découvre une chambre d’à peine vingt mètres carrés, dans laquelle deux petits lits sont placés, un coin cuisine aménagé. Alina est au centre de la pièce, sourire aux lèvres entre son frère, sa soeur, sa mère. Je me mets à lui poser des questions pour obtenir des informations qu’un parrain serait susceptible de demander. Très vite, lorsque j’aborde le sujet de sa situation familiale, les sourires disparaissent au profit d’un visage plus grave. Tout va bien. La réserve népalaise reste de rigueur. Je prends des notes… Puis à un moment, Alina pose les mains sur son visage… Les yeux commencent à s’emplir de larmes, celles-ci viennent à couler le long de son visage. Je ne comprends pas bien ce qui se passe. Elle s’explique en népalais à Prithivi… La traduction vient. J’apprends que son père, chauffeur de taxi, ne rentre pas toujours au domicile, qu’il ne fournit pas vraiment d’aide à sa famille, qu’il a des problèmes mentaux. Les larmes en disent plus, mais je ne veux pas savoir. J’ai déjà l’impression de pénétrer dans un espace privé qui ne me regarde pas. Je me sens voyeur. J’efface mes notes et les reprends. Je prends Alina par l’épaule, la prie de cesser de pleurer, lui expliquant que l’association fera tout son possible pour l’aider, elle et son petit frère. La grande soeur, mariée, n’aura pas besoin de soutien.
C’est le coeur lourd que je reviens sur Duwacoat, me livrer à pareil exercice avec Alisha. Je ne chercherai pas à en savoir trop, cette fois.

Un petit tour sur Bhaktapur dans l’après-midi fera beaucoup de bien, avant de partager le soir une dernière soirée avec les enfants du centre de Duwacoat… Une soirée d’au revoir… Il ne me sera pas facile de quitter ce petit monde demain, même si je suis aussi heureux à l’idée de retrouver ma petite famille.


Retour au bercail, le dimanche 30 octobre.


Mes yeux se sont ouverts de très bonne heure ce matin. Je me suis levé immédiatement, histoire de croiser une dernière fois le regard des enfants, de pouvoir les saluer… Et finalement, j’apprends que leurs cours ne reprendra que le surlendemain. Au moins, nous aurons le temps d’échanger encore un peu.

On bulle

La journée passera vite, le temps de préparer les sacs, de partager un dernier déjeuner avec nos hôtes, Prithivi, Surya, mais aussi avec Dhana, Pasang et Rensen, qui ont fait le déplacement. Une dernière tika nous sera posée, ainsi qu’une petite quantité de yaourt, dans les tradition newars… Ces offrandes nous accompagneront jusqu’à Paris.

Au revoir les amis… A bientôt.

Nous sommes à l’aéroport. Un gars super sympa fait son possible pour que notre excédent de bagage soit accepté…
Le vol QR357 pour Doha est avancé.

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