Katmandou, dimanche 30 octobre.


Nouveau petit tour dans la capitale népalaise, histoire de sentir l’attachante oppression des âmes on ne peut plus vivantes qui l’habitent. Bon, il est vrai que je suffoque par instant plongé dans une masse trop dense mais la majorité du temps, je me fascine de quelques scènes. Cette femme immobile, le front collé sur la poitrine d’un dieu gravé dans la pierre, sa main gauche posée sur son épaule alors que le défilé humain ne cesse de s’exercer autour d’elle. Elle semble faire partie intégrante de l’édifice religieux.

Un peu plus loin, un policier que seuls les coups de sifflets permettent de repérer tente inlassablement d’organiser une circulation devenue impossible. Il semble enjoué de pouvoir me fournir quelques renseignements abandonnant à son sort la marée humaine et mécanique qui s’enchevêtre, encore que je ne crois pas que dans ces circonstances on puisse parler d’abandon… J’ai presque envie de rire aux éclats de le voir prendre son travail avec autant de sérieux.

La vieille ville de Katmandou est magnifique. Quartier commerçant par excellence, elle semble être un centre névralgique où toutes les catégories sociales se croisent. A la veille de Tihar, les lumières sont prêtes à habiller chaque habitation, chaque rue, … De larges banderoles porteuses d’ampoules sont tissées tous azimut. Les premiers essais s’opèrent quitte à bloquer un peu plus la rue – de toute façon, au point où on en est.

Le Durban Square présente quelques bâtiments d’exception mais je passe ici plus de temps à éviter « le coup de tika » des sadhus qu’à observer véritablement l’architecture des monuments. Je me suis déjà fais piégé une fois et je n’ai pas envie de recommencer… Disons que ces vilains se font un malin plaisir de glisser sur une photo ou de marquer le front des touristes, feignant de prier pour eux. Bien entendu, ces bienveillances n’ont que pour unique objet que d’alléger un peu notre porte monnaie.

De toute façon, Bhaktapur m a déjà habitué à pareille architecture et ici je préfère me faire tout petit et discuter avec Rajamro, un enfant de onze ans venu étudier dans la capitale depuis sa campagne lointaine, près de Ramechhayo.
Il me fait d’ailleurs regretter mon temps de présence trop court au Népal. Une petite semaine restante ne me permettra pas de découvrir ce pays. De toute façon, mon intérêt reste naturellement porté sur les protégés de l’association. Il me faudra de toute évidence revenir sur le Népal pour pouvoir le découvrir et pouvoir arpenter quelques uns de ses sommets.


Duwacott, lundi 31 octobre.


Le Tihar a bel et bien débuté. Ce jour, les chiens sont à l’honneur. Chiru, le quatre patte de la maison, ne fait pas exception à la règle. La Tika lui est posée ce matin et un beau collier de fleurs l’habille désormais.

Mais ce jour, il nous faut profiter des douze petites têtes car en ce jour de vacances les enfants se préparent à retrouver leurs familles. Ils y passeront la semaine.

Notre sentiment est partagé ! Leur joie se fait nôtre mais la maison va désormais se faire bien vide.


Patan, lundi 31 octobre.


A l’image des deux autres anciens royaumes, Patan abrite un Durban Square. Ici aussi les monuments de briques rouges semblent aller chercher les dieux. Ici aussi, je fouille des yeux l’histoire de dénicher quelques photos.

L’architecture des bâtiments de la cité se situe ici à cheval entre celle de Katmandou qui semble s’être développée trop rapidement et celle de Bhaktapur qui s’est gelée voilà un temps révolu. Là où Bhaktapur se fait une ville-musée, Patan se fait une citée à part entière en rendant par exemple la circulation des véhicules possible.

Dans ces lieux, l’ancien monde rejoint le nouveau.


Nagarkot, le mardi 1er novembre.


A une vingtaine de kilomètres de Bhaktapur, la petite ville promet un poste d’observation sur la chaîne himalayenne. Tout aurait été parfait si le ciel s’était dégagé. Le poste d’observation ne présente ce jour que les seuls drapeaux tibétains, exposés massivement au vent, accrochés aux cimes des arbres. Aucun des sommets espérés ne s’est montré. Pour seul horizon, un amas de nuages d’une densité menaçante…

Cette balade aura eu finalement pour seul objet de me convaincre définitivement de l’extrême gentillesse du peuple népalais. Les échanges sont tous emprunts de sincérité. Le moindre sourire est rendu le cœur à l’âme, à l’image de ce taxi avec qui j’ai négocié un prix tout à fait avantageux, voire trop avantageux pour nous… La course se soldera, sans que nous y soyons invités à un supplément financier – c’est la moindre des choses compte tenu des circonstances. Que nous soyons avantagé est une chose, que nous profitions d’une situation en est une autre.

Les derniers jours de Tihar se préparent. Chaque porte ou fenêtre se pare de diverses appliques florales, les maisons sont nettoyées de fond en comble – le nettoyage de printemps en quelque sort. Tout est fait pour que quelques divinités puissent venir rendre une petite visite ce soir, pour qu’une déesse apporte prospérité et chance aux familles qui l’accueillent.

Il ne nous reste maintenant qu’à quitter Nagarkot, le temps de déguster quelques momos avant de rejoindre nos hôtes sur Bhaktapur.


Bhaktapur, le mardi 1er novembre.


Comme si cette ville n’était déjà pas assez belle !

En ce jour de festivités, les fleurs sont disséminées partout, quelques peintures ornent les trottoirs – histoire de guider les dieux jusqu’aux temples, les drapeaux sont hissés et disséminés un peu partout, les bougies s’allument de toute part. Dans l’attente d’une soirée féérique, nous tombons à nouveau sur le charme de cette vieille cité en activité. Devant ces âmes battant le riz, ces enfants jouent dans les rues.

A la nuit tombée, la magie s’opère et nous nous émerveillons face à ces rues éclairées à la bougie.
Que les divinités passent dans chaque maison, les népalais le méritent incontestablement.

Les festivités démarrent… De nombreux enfants parés de leurs plus beaux habits s’exécutent à quelques chants et danses… Un moyen comme un autre de donner une bénédiction et de recevoir quelques rétributions en retour…

Mais ce soir, nous retournons sur Duwacott. Il nous faut à notre tour illuminer le centre d’accueil.

Prithivi et Surya nous convient à leur cérémonie et nous préparent un véritable festin.

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