Antananarivo, le lundi 18 Août.


Si Madagascar promet énormément, l’île n’est pas seulement un tableau qu’on ne se lasse pas de regarder. Arrivés ce matin, de bonne heure, d’autres sensations nous attendent.

En premier lieu, la gentillesse de ce peuple malgache. Même en pleine capitale, qu’habituellement un anonymat dirige, beaucoup prennent plaisir à vous dire bonjour, à engager la conversation. Chacun sourit.

A l’aéroport, tout d’abord, lorsque les douanes font une démonstration de lenteur administrative, alors que les chauffeurs de taxi nous invitent à utiliser leurs services, alors que dans la densité de la foule, la tension monte, une personne nous renseigne amicalement sur la démarche à suivre pour rejoindre Tana à moindre frais.

Nous voilà donc partis à un croisement de route dans l’attente d’un taxi-brousse Ivato-Tana. Quelle première expérience inoubliable que cette route ! Un peu déboussolés, loin de nos traditions, nous nous sommes retrouvés dans un mini-van, gênés d’imposer nos encombrants sacs à l’ensemble des personnes présentes. Chacun par des sourires rassurants aura su nous réconforter. Francophones oblige, nous pouvons communiquer sans difficulté, quel bonheur ! L’Asie ne nous avait pas habitué à cela.

L’arrivée sur Tana est fascinante. Le taxi-brousse tente de se frayer un chemin difficilement dans cet immense marché bordant la capitale. L’animation est à son comble (la poussière aussi d’ailleurs !). Il y a de quoi regretter que le « zoma » soit désormais fermé. Vivre cette atmosphère en plein centre de la capitale devait avoir quelque chose de fascinant.

Quoi qu’il en soit, bel et bien logés, nous passons la journée à nous promener, arpentant quelques collines, répondant aux moindres salutations qui nous sont adressées.

La ville de Tana est très agréable. D’édifices coloniaux en palais présidentiels, perchés avantageusement sur quelques collines, nous avons en permanence un oeil sur la ville, sur ses rues, sur ses enfants.


Antsirabe, le mardi 19 Août.


Tana, nous nous la réservons pour plus tard ! A suivre donc… Nous quittons la ville aujourd’hui même. Et nous avons le plaisir de goûter à nouveau à la gentillesse de sa population. Les gérants de l’hôtel d’abord qui se donnent du mal pour nous indiquer le plus simplement, le meilleur moyen pour rejoindre la gare routière. Une fort sympathique institutrice ensuite qui nous accorde davantage de temps pour nous y accompagner, qui va jusqu’à prendre les billets pour nous afin qu’on les paie au plus juste. Comment ne pas succomber aux charmes de cette population qui offre altruistement.

Un peu plus tard dans la journée, arrivés à Antsirabe, la capitale des posy-posy (pousse-pousse), alors que les agressions (le mot est fort !) des tireurs de pousse et leur invitation forcée à ce qu’on utilise leurs services nous poussent à y renoncer et à prendre le chemin du centre ville à pieds, alors que deux d’entre eux nous suivent inlassablement, une personne nous souhaite la bienvenue et, dans un français impeccable, nous offre un brin de philosophie prônant l’amour et le coeur. Nous voilà dépourvus (enfin presque) de l’animosité que nous avions à l’égard des tireurs de posy-posy et plus particulièrement de ceux qui ne cessent de nous suivre depuis un kilomètre. Et mieux encore, nous finissons notre chemin à marcher à leur côté et à sympathiser avec ces derniers, Prosper, le numéro 1 et Joseph, le numéro 5. A défaut de percevoir le montant de la course qu’il n’ont pas effectué, on se réconfortera à l’idée qu’ils profiteront de leur commission sur notre chambre.

Enfin, cette journée se solde inexorablement par une impression de l’avoir gaspillée dans les transports ! Depuis ce midi, nous avons enchaînés trois taxi-brousse pour rejoindre Antsirabe et finalement quatre heures trente nous ont été nécessaires sur les deux initialement prévues. Mais cette courte route (de plus longues nous attendent) nous aura permis de goûter à la beauté de ces hauts plateaux, où la majorité des terrains sont cultivés, laissant parfois se fondre dans le décor quelques villages Merina que les murs de terre rouge dissimulent dans des montagnes de même couleur.

Antsirabe s’apparente à première vue à une station montagnarde. Son doux climat de fin de journée nous rappelle cette sensation alpine de chaud et de froid dans le même temps, conséquence d’une compensation du soleil et de l’altitude. La ville présente de larges avenues bordées de longs arbres… Comparée à Antananarivo, elle offre un calme exemplaire et reposant.

A noter sur le calme des malgaches.
Le calme est à Madagascar (comme en Asie d’ailleurs) un trait de comportement qu’il convient de présenter en toute occasion. Si en Asie, s’énerver revient à perdre la face, mène au ridicule, à Madagascar, il se solde inévitablement par le retrait de notre interlocuteur qui se mure dans un silence profond.
Si en France, on sauve la face en tenant tête à une interlocution musclée, à Madagascar, c’est l’inverse. Le premier parti gagne la partie. Ordonnons par exemple toute action à un enfant par exemple. Il nous faut partir pour qu’il l’exerce !


Antsirabe, le mercredi 20 août.


Location de VTT pour la journée et c’est parti ! Enfin presque.

Nous avons la bonne idée d’installer une table à l’extérieur, afin de profiter du soleil matinal pour notre petit déjeuner. Comme à l’accoutumée, le défilé s’opère : vendeuses de pierres précieuses en tout genre, vendeurs de miniatures de posy-posy, vendeurs de cornes de zébu manufacturées,… Et les tireurs de posy-posy s’inquiètent de notre journée, des fois qu’on souhaiterait disposer de leurs services. A ce propos, notre ami Joseph est toujours là, à nous attendre et, avec son bon français, à discuter volontiers. On lui promet d’utiliser son posy-posy ultérieurement mais l’heure est au VTT.

Les environs d’Antsirabe sont splendides. Quelques 18 kilomètres nous permettent d’atteindre le lac Tritriva. Si celui-ci vaut incontestablement le détour, encastré dans les falaises, dont la profondeur dépasse les cent mètres (à ce que nous en a dit un guide improvisé), présentant des couleurs bleu-vert profond, cette première portion dévoile avant tout des villages Merina dont l’architecture des maisons, bien que des plus simples, nous charme davantage. Ces bâtisses sont le plus simplement du monde construites de terre, prennent ainsi les couleur de cette dernière, sont coiffées d’un toit de chaume. Le peu d’ouverture qu’elle proposent nous laisse imaginer une température appréciable en leur intérieur.

Mais le plus agréable, ce sont ces enfants qui ne cessent de nous saluer : « Bonjour », « Salââm » (Salama), « Bonjour vâza » (vahaza),… Ils nous courent après, nous encerclent quand on s’arrête, et cetera.

Il ne sert à rien dorénavant d’insister sur la gentillesse des gens que nous croisons. On généralisera la situation à l’ensemble de la population… Tous ces enfants n’en sont que le reflet logique.

Nous espérons seulement que le pays se développera gentiment – une révolution industrielle serait idéale – et qu’un probable développement touristique ne nuira pas au comportement des « malagasy » à notre égard. C’est au nouveau gouvernement qu’il appartient désormais de bien oeuvrer.

Notre tour se poursuit jusqu’à Betafo, à une vingtaine de kilomètres du lac, profitant d’un camion dont les chauffeurs, nous voyant exténués, nous proposent de nous accompagner. Un plaisir de quatre à cinq kilomètres sans effort ! On en regretterai presque de ne pas avoir le chemin jusqu’à Betafo.

Pour ce qui est de cette ville, on retiendra sa superbe église de briques rouge, son lac bordé de rizières d’un vert luxuriant, son marché animé qui ne semble vouloir jamais s’arrêter.

Pour la petite histoire, tout aurait été parfait si notre retour en taxi-brousse s’était exercé. Les 22 kilomètres qui nous séparent d’Antsirabe se sont avérés éprouvants…

Enfin, toujours est-il que cette virée s’est avérée tout autant rafraîchissante qu’enrichissante et c’est avec plaisir qu’une fois lavés de cette poussière rouge qui nous recouvre, nous nous empiffrons d’une pleine assiette de riz et de brochettes de zébu…

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