La Paz, le mercredi 25 septembre.


A la première heure du jour, à travers la fenêtre de notre bus, nous visionnons une première image de La Paz. Il s’agit d’une immense cuve dont la moindre parcelle de terrain est occupée par une habitation, de couleur grès et argile.

Et bel et bien arrivés, arpentant les rues, luttant contre l’altitude, La Paz se présente davantage comme un immense bordel. Les microbus zigzaguent entre les voies guettant le moindre client. Les cireurs de chaussures, les vendeurs ambulants en tout genre interpellent les passants sans relâche. Les marchés ont gagné la quasi-majorité des trottoirs. Il résulte de l’ensemble une atmosphère excessivement bruyante.

Il nous est difficile de courrir les rues tant par la masse humaine qui circule que par les porteurs que nous dérangeons. Quant aux rues à proprement parler, nous autres piétons n’y avons toujours pas la priorité.

Dans le nord de cette capitale, à en considérer la gêne respiratoire liée à l’altitude, et les difficultés de circulation émises, nous arrivons tant bien que mal au cimetière. Celui-ci n’a pas son équivalent en France. En effet, les cercueils ne sont pas mis en terre mais scellés entre quatre murs, les uns au-dessus des autres, les uns aux côtés des autres. Et finalement, les tombes se résument à une surface, dans la majorité des cas vitrée, sur un pan de mur. Un léger renfoncement permet d’y déposer une fleur.

La visite du cimetière se termine par un marché aux fleurs le bordant, marché atypique compte-tenu de l’apparente aridité des lieux.

La Paz offre l’avantage de trouver rapidement son chemin. Le centre ville se trouvant à fond de cale, il est aisé à atteindre, descendre étant la seule directive à suivre.

Toujours plus bas, plus au sud, les marchés laissent place à de vastes trottoirs, les tenues traditionnelles à des tenues plus conventionnelles, les immeubles s’allongent,… La capitale s’affirme !


La Paz, le jeudi 26 septembre.


Quand on pense aux difficultés que nous avons rencontrées pour atteindre le cimetière et à la joie de ne plus devoir y retourner, nous ne pouvons qu’être insatisfaits d’apprendre que le terminal de bus pour Tiwanaku et pour Copacabana s’y trouve. Dans tous les cas, à la Paz, dorénavant, nous descendrons à pieds et montrons à microbus !

A une heure trente de la capitale, Tiwanaku présente un site archéologique d’exception – si on peut dire – puisqu’il renferme une structure vieille de plus de mille ans. On regrettera considérablement que les Espagnols aient pu piller ce site à ce point en destituant d’une part l’ensemble des métaux précieux et en exploitant d’autre part les pierres de grès (de plusieurs tonnes) pour la construction d’églises et autres édifices coloniaux. Fort heureusement, l’imagination peut continuer de s’exercer et l’esprit peut reconstituer ce site qui fut probablement l’un des plus prestigieux d’Amérique Latine en son temps.

On notera tout de même que les tailles exercées sur les pierres sont moins surprenantes que celles observées à Angkor ou à Borobudur. Le site de Tiwanaku pourrait alors avoir été érigé antérieurement, ou la civilisation considérée détiendrait une technologie moins avancée. Dans tous les cas, si le site ne laisse indifférent, il ne provoque pas une fascination aussi profonde que l’aient pu faire les sites précédemment nommés. L’effet de surprise est moindre.


La Paz, le vendredi 27 septembre.


Précédent le départ pour Copacabana, nous profitons de cette matinée pour sillonner des rues ayant conservées quelques vestiges coloniaux. La France est à l’honneur tant par les boutiques qui prennent la Tour Eiffel pour éfigie que pour un cinéma local proposant des films français.

Nous passerons cette fin de matinée à visiter le musée de la coca. Fort interessant, il déculpabilise la Bolivie vis à vis de la cocaïne et de son commerce. Des études récentes ont prouvé les bienfaits de la feuille de coca et notamment dans l’adaptation de l’organisme à l’altitude.

Pourtant, depuis des siècles, les occidentaux en perçoivent les bénéfices et en interdisent la culture, privant les boliviens du respect de traditions ancestrales. Déjà en leur temps les Espagnols voyaient dans la coca un ennemi de l’évangélisation et en interdisaient la consommation. Dans le même temps, ils la vendaient à prix d’or contre des travaux forcés, ayant déjà perçu les avantages de cette plante dans la faculté de s’adapter à des travaux difficiles. De nos jours, la situation n’a guère changé puisque sa culture, autrement qu’industrielle (exemple de Coca-Cola, de la pharmacopée,…), est banie, officiellement, parcequ’elle rend defficient et explique la pauvreté de l’Amérique Latine (porpos tenus pas un banquier nord-américain et retenus par les Nations Unies, Genève, 1962), officieusement, parcequ’elle est responsable du haut niveau de toxicomanie des pays riches. De cette situation, la Bolivie n’en tire que des désavantages. Si elle n’a jamais demandé de Coca-Cola et encore moins de cocaïne, la mastication de cette feuille, héritage ancestrale, et les qualités nutritives qu’elle apporte, bien que reconnues, sont aujourd’hui menacées.

Riches de cet apprentissage, nous retrouvons les plaisirs gustatifs du pays. Si la consommation des légumes ne mérite aucune reconnaissance – tous les plats sont sytématiquement accompagnés de riz et de pommes de terre -, les aliments protéiniques retiennent toute notre attention. Lama, poulet, boeuf, chorizo et bientôt truite (Copacabana) comblent nos papilles. La Bolivie, en omettant de parler de ses desayunos, offre pour le déjeuner des almuerzos, à moindre frais, constitués de soupe (pâtes, patates, légumes), suivi d’un plat principal à base de boeuf, de riz, de pomme de terre et de salade.

Fort bien repus, nous partons pour Copacabana.


Copacabana, le samedi 28 septembre.


Il nous aura fallu près d’un mois pour nous accoutumer à la vie bolivienne. Le reflet le plus révélateur est incontestablement la nourriture et le plaisir que nous tirons à la déguster. Du petit déjeuner au diner, nos habitudes sont prises et les repas parfois attendus impatiemment.

La lenteur d’adaptation que nous avons manifesté porte préjudice puisque le retour approche. Nous nous adapterions probablement plus rapidement si nous allongions notre séjour de quelques mois dans d’autres pays. A se remémorer nos souvenirs asiatiques, le premier mois était le plus difficile et notre faculté d’adaptation s’améliorait au fur et à mesure que le voyage avançait.

Toujours est-il qu’à Copacabana, toute habitude acquise, nous nous sentons chez nous, et qui plus est, en vacances.

Week-end oblige, les boliviens ont envahi la ville et profitent pleinement des plaisirs de la plage.

Nous avions déjà remarqué que les Boliviens étaient de bons plaisantins. Dans cette atmosphère de détente, cette caractéristique s’observe davantage. On prend plaisir à les regarder se chamayer, même si l’alcool se consomme de manière parfois excessive.


Isla del Sol, le lundi 30 septembre.


Petit complément d’informations au Lonely Planet : si l’Isla del Sol présente un nombre de sentiers conséquents, et si aucun véhicule ni circule, les chemins ne sont pas toujours faciles à arpenter. L’arrivée par « l’escalier des Incas » en est un bel exemple. Nous montons à pic sur une distance importante avec nos sacs chargés au maximum. Arriver en haut, pour bénéficier d’une vue sur les deux versants et pour pouvoir ainsi observer, selon les volontés, le lever et le coucher de soleil, nécessite une bonne demi-heure de marche difficile. Si nous l’avions su, nous nous serions probablement allégés de quelques kilos.

Et en plus de cela, notre arrivée dominicale nous offre l’extrême joie d’être sollicités par un enfant puis suivis et guidés sans qu’aucune demande de notre part n’aie été formulée. Généralisant la situation, il est même très décevant sur l’île, d’observer une pseudo-mendicité chez les habitants. Les femmes, vendeuses ambulantes, supplient chaque passant de leur acheter quelque chose, les enfants, quand ils ne mendient pas purement et simplement, réclament bonbons et cadeaux à tout bout de champ. Toute photo peut bien évidemment être acquise contre un apport financier.

Il est par ailleurs regrettable, qu’avec l’essor touristique, les bâtisses se construisent ou se réhaussent sans norme apparente et sans souci d’esthétique. Si nous élisons domicile dans un hôtel convenable, la construction inorganisée nous aura bien valu de légères déchirures de nos ligaments. Des journées de marche sont gravées à jamais dans nos mémoires, et nous retrouvons avec plaisir chaque soir notre lit.

Cela dit, la pointe de pessimisme des propos précédents doit être prise à la légère ; l’île et les paysages qu’elle propose sont splendides et méritent incontestablement qu’on y passe deux jours.

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