Morondava, le lundi 25 Août.
Nous profitons ce matin d’un 4×4 que d’autres Vazaha ont loué pour rejoindre Morondava. Nous voici à l’arrière, dans le pick-up, observant la poussière rouge que le véhicule laisse derrière lui, la teinture qu’il offre aux plantes bordant la piste, et, dépassant cet amas, les nombreux baobabs en tâche de fond. Ils semblent être le toit du monde.
Des heures passées dans ce coffre, on se prend à saluer une à une chaque personne que l’on dépasse.
Baobab sacré Baobabs amoureux Baobab Allée des baobabs
Sur la route, quelques sites prestigieux ou intrigants méritent notre attention : les tombeaux sakalava, le baobab sacré dont on pense que son existence dépasse un demi millénaire, les baobabs amoureux dont les troncs s’entrelacent, la fameuse allée des baobabs, allée la plus photographiée de toute l’île.
Quelle chance de bénéficier de ce 4×4 ! Quand on pense qu’un aller en taxi-brousse nous aurait obligé à revenir dans la soirée. On a bien gagné une journée. Mais cette chance, ça ne pouvait pas durer.
Arrivés à Morondava, nous apprenons qu’un vol pour Tuléar a été annulé. En conséquence, les camion-brousse sont pleins. Ils nous faut attendre jeudi pour partir dans cette expédition de deux jours.
Loin des routes bitumées, on réalise la difficulté de voyager dans le pays. Planifier sa traversée n’est pas chose aisée. Il nous faut revoir nos plans et condamner quelques destinations. Le soir est donc à la réflexion !
Pour l’heure, nous profitons de l’animation de cette ville ensablée qu’une seule route goudronnée traverse – son héritage colonial.
Morondava, le mercredi 27 Août.
S’il est vrai que Morondava est le point de départ de quelques sites prestigieux, il n’en est pas moins que la ville présente un certain intérêt. Un peu de repos dans la cité après quelques courses non effrénées fait le plus grand bien. Ici, on apprend à prendre le temps.
Marché sur Monrondava
De toute façon, quand on voie le temps nécessaire à l’obtention d’argent – deux demi-journée nous auront été utiles -, il est bon de pouvoir se poser. Savoir attendre, telle est la devise ! Et puis, en cette fin de mois, chacun vient chercher son salaire. La banque devient le point de rendez-vous de nombre de citadins. D’une journée sur l’autre, on croise les même gens, on reprend les discussions précédentes,… On se rencontre, on se présente,… Et puis, quand enfin, votre demande est honorée, une légère émotion joyeuse vous envahi. La vie est ainsi faîte, de petits bonheurs comme celui-là que l’on partage volontiers entre voisins. Merci à Mme Brigitte d’avoir insister auprès des banques de Tana ! Merci à Mme Claudine d’avoir fait la transaction ! Merci à M. xxx d’avoir bien voulu nous remettre l’argent.
Morondava
Pour l’internet, c’est du pareil au même. La connexion échoue et il nous faut repasser plus tard… Au bout d’une journée et demi, on arrive enfin à envoyer un message (groupé bien entendu). Un petit bonheur de plus.
Attendre, attendre, toujours attendre… On prend le rythme !
Petit spectacle émouvant que celui d’un cortège funéraire. Un tracteur tire une charrette, transportant le corps du défunt et la famille à son complet. Il s’ensuit les autres membres de la famille, les amis… Et tous élèvent leur voix, entonnant une chanson gospel.
Demain, nous quittons cette ville mais en garderons un souvenir précieux.
Tuléar, le vendredi 29 Août.
Harassantes, telles sont les deux dernières journées que nous avons passées. Nous étions prévenus, la route de Morondava à Tuléar, et quand on parle de route, il faut parler de piste, et quand on parle de piste, il faut imaginer la pire qui soit. Enfin bref, cette route est chaotique. Il nous aura fallu trente et une heures sans arrêt pour finaliser ce trajet, ponctué d’une crevaison et d’une attente de six heures pour la traversée du fleuve Mangoky – le bac chargé de nous amener d’une rive à l’autre devant être vidé au préalable de quelques huit tonnes de sacs de ciment. Et, en tout état de cause, nous pouvons nous estimer heureux car ce trajet peut aisément prendre une journée de plus.
Chargement du camion-bus
Ces vieux camion Mercedes, avec leur quatre roues motrices, sont quasiment les seuls à pouvoir assurer la liaison Morondava-Tuléar. Le chauffeur mérite toute notre admiration car il faut le voir oeuvrer, jonglant entre les obstacles, tâtant le terrain d’un cours d’eau large de plusieurs dizaines de mètres avant de s’élancer,…
Quant à la gentillesse qu’il témoigne à l’égard de l’ensemble des passagers recroquevillés sur eux-même, cherchant tant bien que mal à fermer les yeux, à plonger dans les bras de Morphée, tentant d’oublier les soubresauts, les basculements, etc. Là aussi, on lui tire notre chapeau.
Pour nous, le mal aura été moindre. Nous avons la chance de nous retrouver avec une dizaine d’autres dans la cabine. Si le confort n’est pas forcément supérieur, nous avons la possibilité de voir la route et d’anticiper les moindres mouvements. On ne regrettera jamais assez d’avoir réservé une place suffisamment à l’avance.
Croisement
Cette route, c’est évidemment une expérience inoubliable !
Tout au long du trajet, on traverse quelques paysages fabuleux, plus ou moins désertiques,… La savane, nous ne la connaissions pas. Elle s’ajoute à notre panel.
La traversée de quelques villages, les pauses que nous y effectuons, les enfants qui nous encerclent vite… « Deux vahazas sont arrivés », le bruit cours vite et ce sont rapidement l’ensemble des villageois juvéniles qui nous observent, nous saluent. Comment ne pas succomber au charme de la situation ? On pourrait la vivre et la revivre sans s’en lasser.
Mais ce trajet, c’est aussi le triste spectacle de feux de brousse que les villageois réalisent. Les quelques herbes qui pousseront ultérieurement leur permettront de nourrir leurs zébus. Digne héritage ancestral, ces pratiques ne sont pas prêtes d’être abolies. Comment de plus sensibiliser des individus isolés de tout, que l’absence d’éducation scolaire n’aide pas, qui n’envisagent tout simplement pas d’autres moyens ? L’importance vouée aux ancêtres ne saurait de tout manière les persuader outre mesure. Il nous faut donc parfois observer la propagation des flemmes que ces herbes sèches avec un léger vent favorisent pleinement.
Mais ce trajet, c’est aussi et encore une fois l’occasion de percevoir la gentillesse malgache. Nous n’avons décidément jamais vu un peuple comme celui-là. Même les gens les plus ivres sont des plus sympathiques ! C’est tout dire !