Potosi, le lundi 16 septembre.


Nous quittons ce matin même Uyuni pour Potosi. Le bus se remplit à l’accoutumée et l’allée centrale est bondée. Un policier entre en scène, baragouine trois mots et le surplus humain se voit dans l’obligation de renoncer à ce voyage. Le bus part !
Situation plutôt comique, quelques centaines de mètres plus loin, nous retrouvons les personnes délaissées et le bus peut à nouveau se bonder.

A l’image du Laos, la route n’est pas goudronnée. Le chemin se fait très cahotique. Nous arrivons six heures plus tard à Potosi.

Perché à 4000 mètres d’altitude, et apparemment isolé, il est surprenant de trouver une cité pareille à celle-là. La Bolivie est incontestatblement un pays développé !

Les mines d’argent, antérieurement les plus productives du monde, ont offert à Potosi un essor sans équivalent. Ainsi, il y a quelques siècles, la ville rivalisait même avec Londres.

Cathédrales, églises, architectures sont magnifiques. Comparativement aux villes chiliennes, les villes boliviennnes présentent une meilleure organisation et ne souffrent aucunement de dégradations naturelles… Elles semblent tout du moins connaître de multiples restaurations et les couleurs se juxtaposent, les architectures se préservent…

Bref, se balader dans la ville est un réel plaisir !

Seul petit hic ! Les pick-pocket semblent en plein essor. Nous avons entendu beaucoup de bruits sur ce sujet et avons bien failli les vérifier. Leur technique : dès que la foule commence à se densifier, ils approchent, munis d’un cutter et découpent sacs, poches et tout autre réceptacle susceptible de contenir des objets de valeur.

Nous devrons nous faire très méfiants à l’avenir ! Le peu de réactivité policière laisse entendre que c’est un phénomène nouveau ou que la justice bolivienne est bien laxiste et qu’elle gagnerait probablement beaucoup à imiter la Thaïlande et la création de sa police touristique.


Potosi, le mardi 17 septembre.


Nous sommes loin du calme ressenti de Uyuni. Le bruit éclate dans toute sa splendeur. Dans chaque microbus, les enfants (bien jeunes !) hurlent leur destination. Le vendeur de journal crie les gros titres, le vendeur de glace, les parfums qu’il détient. A tout coin de rue, la musique retentit. Les voitures jouent de leur instrument. Bref, nos oreilles sont sans cesse en alerte.

Ca sera pour nous une journée culturelle. La matinée offrira l’occasion de visiter le couvent de San Francisco, l’après-midi, le musée de la monnaie. De ces deux visites (de plus guidées), nous en apprendrons davantage sur la Bolivie et en particulier sur la ville de Potosi.

Si les musées se sont montrés fort intéressants, cela faisait longtemps que nous n’avions pas passé une journée complète à sillonner les rues. Le soir venu, il faut bien l’avouer, l’ennui nous guette.


Potosi, le mercredi 18 septembre.


Caractéristique flagrante des voies de circulation, les voitures ont priorité sur les piétons. Le mot est même faible. Il n’est pas rare de sentir un rétroviseur effleurer notre avant-bras. Dans ces circonstances, il est logique (même très charmant) d’observer les enfants demander aux policiers de les faire traverser. A noter, les policiers font ici office de feux.

Connue pour ses mines, Potosi propose à tous les touristes d’en faire la visite. Nous avons la chance d’être guidés par un ancien mineur qui connaît non seulement les actuels travailleurs mais également parfaitement les voies souterraines. A observer les mineurs, il est affligeant de constater la dureté du travail et les faibles rémunérations qu’elle engendre. Si l’on ne pouvait tirer de telles conclusions il y a quelques années, la baisse des marchés de l’argent et de l’étain a un impact non négligeables sur les conditions de vie de ces mineurs, et la flagrance du propos précédent fait mal au coeur.

Aujourd’hui, à en considérer le prix de l’argent, ces mineurs toucheront 1,5€ pour 50 Kg de première qualité, 40€ pour huit tonnes d’autre qualité. Dans ce second cas, il leur faudra un mois pour récolter ce poids, et ce douze heures par jour. Bien navrant par ailleurs, les mineurs qui travaillent en profondeur peuvent ne pas voir le jour pendant quatre mois.

A l’extérieur des mines, des femmes de plus de soixante-dix ans sont à la tâche et trient les récoltes, des enfants de moins de dix ans vendent différents minéraux aux touristes de passage.


Sucre, le jeudi 19 septembre.


Quatre heures de bus nous sont nécessaires pour rallier Sucre. La ville se présente bien bourgeoise à l’image de quelques villes méditerranéennes bien connues. L’ensemble des vestiges coloniaux blanchis à la chaux ont fait de Sucre une place de prédilection. Son climat doux et tempéré a contribué à son essor et à l’élever au rang de seconde capitale. En effet, si La Paz est la capitale politique, elle détient les pouvoirs constitutionnels.

Si le monde est petit, la Bolivie l’est davantage. Et finalement, à en considérer les quelques routes que le pays offre, il est légitime que nous rencontrions à nouveau quelques voyageurs, que des amitiés se créent.

Deux français, rencontrés à la Casa de la Moneda à Potosi, puis à notre hôtel, et enfin dans une banque nous proposent de se joindre à eux dès demain pour participer à un trek de trois jours dans la Cordillera de la Frailes. Il nous aura fallu trois bonnes heures pour accepter cette proposition. Quelques raisons ont freiné notre décision : la difficulté de marcher sur un sol désertique avec des sacs d’un poids conséquent, l’impossibilité, compte tenu du temps qui nous est imparti, de pouvoir visiter la ville de Sorata, et, particulièrement la rapidité nécessaire dans notre prise de décision.


Cordillera de los Frailes, le dimanche 22 septembre.


Cela fait trois jours que nous sommes partis. La Cordillera de los Frailes a cela de fantastique qu’elle est peu empruntée. Les villages et les décors montagneux n’ont en rien subis les préjudices d’un tourisme de masse. La sensation de découverte s’en trouve amplifiée.

Un atout certain de cette cordillère, c’est qu’elle change de visage à chaque pas que nous faisons.

Les nombreux séismes et érosions que cette chaîne a pu subir pendant des millions d’années contribuent fortement au caractère pittoresque du site. Des plaques complètes se sont soulevées (ou écroulées) laissant apparaître différentes couches de sédiments et de minéraux. Il résulte de cette lente évolution un jeu de couleurs saisissant.

On ne s’attendait certainement pas à trouver de tels décors dans ce coin là. Et finalement, si nous nous sommes décidés à faire ce trek, c’est surtout grâce à l’enthousiasme transmis par un couple de français, Isabelle et Jean-Michel, et, au bénéfice d’un guide parlant le français, Carmelo. On ne peut aujourd’hui que les remercier.

La présence d’un guide semble par ailleurs indispensable, tant pour la multitude des chemins, pour le peu de villages existants que pour l’absence d’hospitalité systématique de ces derniers. En effet, la plupart des villageois se posent des questions sur la raison de notre présence et c’est donc avec une certaine animosité que certains nous reçoivent. La présence d’un guide parlant leur langue (le quechua) suffit à les rassurer.

Dans ces conditions, lorsque nous croisons un couple d’italiens arpentant seuls les chemins, mal équipés et ne tenant pas compte des recommandations de notre guide, nous craignons pour leur « survie ». Les villages n’ont en effet aucun commerce, ne détiennent pas d’eau potable et ne proposent pas de nourriture.

Quant à nous, pourvus de tout le confort nécessaire, nos trois jours de treks se sont déroulés pour le mieux.

Premier jour.
De Sucre nous prenons le bus jusqu’à Chataquila. Deux heures de marche. Arrivés à Pataloyo. Ce site a été découvert il y a une quinzaine d’années. Il présente des peintures rupestres vieilles de 2000 ans. Trois heures de marche. Arrivés à Chaunaca. Nous nous y allégeons de notre second repas.

Second jour.
De Chaunaca, trois heures et demi de marche, le tout en montant. Arrivés au cratère de Macaragua et au village du même nom. On y trouve pain et tissu traditionnel de la communauté Jalq’a. Trois heures et demi de marche (la moitié montant fortement). Arrivés à Ninu Mayu. Ce site détient un nombre conséquent d’empruntes de dinosaures. Nous en visitons une partie. La journée se conclue donc par trois repas de moins.

Troisième jour.
Sacs ultralégers. Nous marchons deux heures. Arrivés à Chullpas, village pour le moins inhospitalier. Deux heures de marche jusqu’à Potolo. Achats possibles de tissus. Retour à Sucre en 4×4 en deux heures et demi. Quel bonheur de prendre une douche !

De ces trois derniers jours, on retiendra incontestablement la timidité des « campesinos », timidité mêlée à de la curiosité. A notre arrivée dans un lieu, et bien que présentant une volonté certaine de nous vendre quelques produits locaux, ils nous approchent qu’à notre approbation. Les produits qu’ils proposent, s’ils ne sont pas toujours interessants, ils nous emballent toujours autant. Car ce n’est pas le produit en tant que tel que nous achetons mais bel et bien leur bonheur, pour notre plus grande joie.

Le plus amusant, lorsqu’un paysan dans toute sa splendeur, coiffé et paré de ses vêtements traditionnels s’approche de notre habitation et nous observe, notre guide s’empresse d’excuser sa curiosité. Comme si nous, nous n’étions pas curieux ! Nous adorerions partager cette culture.

Une autre remarque. Il est excessivement difficile de prendre en photo un quelconque membre d’une communauté. S’il est parfaitement incorrect de voler un instantané, toute demande en bonne et due forme se solde quasi-systématiquement par un refus. Quelle déception !


Sucre, le lundi 23 septembre.


De retour, ce quotidien citadin nous semble bien fade. Est-ce lié au développement des villes boliviennes ? Au manque d’activité de ces dernières ? A la facilité déconcertante de voyager dans ces lieux ? A notre perpétuelle envie de mobilité ?

Cet après-midi, nous visitons le musée du textile. Fort interessant, le musée présente l’ensemble des différentes communautés de la région. Il ne se contente pas de présenter les divers tissus créés par ces dernières mais d’en expliquer (en français, s’il vous plait) les significations à travers les différents siècles.


Sucre, le mardi 24 septembre.


Ce matin, nous renonçons à notre hyperactivité. Tout du moins, nous réalisons que nous devons y renoncer. Nous passons ce début de journée, le plus calmement possible, dans les différentes rues de la cité.

Dans la soirée, nous prenons le bus pour La Paz, en classe « cama ». Les bus chiliens se voient dépassés. Ce soir, nous voyageons dans un lit, un vrai lit !

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