« Bush camp », le jeudi 19 août.
Comment décrire cette journée qui consiste à rejoindre Swakopmund pour investir un désert proche et y installer notre camp. C’est l’occasion tout de même de traverser mille déserts si divers tant dans les éléments qui les composent que dans les couleurs qu’ils déploient.
Ces décors infinis, ces vastes étendues bien qu’en apparence linéaires savent surprendre à chaque instant présentant à chaque instant formes et allures différentes.
Une route dans le désert Désertique On the road again…
Une pause à Walvis Bay, rendue il y a dix ans à la Namibie par l’Afrique du Sud, une ville moderne comme il y en a finalement partout dans le pays me convainc que ma place n’est pas ici, même si quelques flamants roses se laissent agréablement observer.
Ma place n’est en effet pas ici. Nous reprenons notre camion-bus pour un désert proche. Nous sommes seuls ce soir, plongé dans l’immensité. L’occasion pour chacun de se retrouver un peu avec soi-même.
Swakopmund, le vendredi 20 août.
Sans voisinage…Après une petite nuit à la belle étoile, à observer les millions de lumières qui scintillent, que dire de Swakopmund, petite ville tranquille, comme partout ailleurs dans le pays, aux allures allemandes. Une occasion peut-être de s’essayer à l’une des quelques activités sensationnelles qu’elle propose : le « sky-diving ».
On installe le camp… Pas d’ombre
Et c’est la peur au ventre que je m’engage dans un saut à parachute.
Un petit tour à l’aéroport local à rencontrer les « fous » de sensation, un briefing rapide, un vol de quelques dizaines de minutes pour atteindre quelques 3000 mètres d’altitude et c’est le plongeon dans le grand vide. Deux secondes pour s’élancer, respiration bloquée contre son gré. Vingt secondes en chute libre pour dévaler quelques 1500 mètres à une vitesse proche des deux cents kilomètres à l’heure. Sept à huit minutes pour finir, parachute déployé, en s’exerçant à quelques navigations.
L’ivresse ne fait que débuter. Tout le reste de la journée sera emplit de cette émotion forte : l’euphorie. Ces « fous » de sensation, je peux facilement les comprendre dorénavant.
Cette euphorie, ce n’est pas seulement cette chute vertigineuse de vingt secondes, ce n’est pas seulement cette vue magnifique qui me convainc de l’immensité des terres namibiennes, c’est cette peur vaincue qui me tenaillait depuis l’instant où j’avais réservé. Enfin, c’est tout ça à la fois. Là haut, on voit mais on observe rien, on ne pense plus, on ressent, on vie, on se sent vivre.
Ouah ! Une expérience indescriptible à jamais gravée dans ma mémoire !
Twifelfontein, le samedi 21 août.
Nouvelle journée de route en direction du Nord. A peine quatre cents kilomètres et la végétation change radicalement. Entre brousse et savane, une image de l’Afrique plus familière se présente à moi. Mais c’est surtout ces signes de vie qui m’enchantent. On semble avoir laissé les déserts namibiens. Sous un soleil tapant, les herbes et arbres me renseignent sur la présence d’eau. Et j’avoue m’y sentir déjà plus à l’aise, même si quelques bicoques de tôles ondulées laissent en chemin entrevoir la pauvreté d’une population en marge de cette société.
A chaque jour son lot de surprise !
Quel surprenant spectacle que celui de cette colonie d’otaries qui a élu domicile à Cape Cross. Difficile de retranscrire l’émotion ressentie à la vue de ces quelques milliers de mammifères marins, de ces petits qui recherchent leur mère pour se nourrir, de ces chacals qui attendent patiemment la mort de quelques uns, de ces autres « adolescents » qui s’amusent sur les rivages.
Colonie d’otaries sur Cape Cross Otarie sur Cape Cross
Cette émotion, c’est aussi la résultante de cette odeur de fauves, un prélude avant les fameux prédateurs terrestres qui m’attendent plus loin. C’est aussi ces sons incessants qu’ils émettent.
On peut remercier le ciel d’avoir pu réserver quelques terres pour ces animaux. La « Skeleton Coast », la côte des squelettes, indique de par son nom comme il est dangereux pour tout navire de s’en approcher. Tout navire qui chavire laisse ici son équipage à une mort certaine, sinon par la violence des courants, par l’aridité du désert intérieur.
Enfin, ce soir, le camp est installé à Twifelfontein, entre brousse et savane. Le taux d’humidité a monté sensiblement. Il convient désormais de se protéger des moustiques.
Le voyage prend un nouveau tournant.
On pressent plus que jamais une présence animale. En témoigne quelques gravures et peintures datées de quelques millénaires. Ces empruntes artistiques réalisées par les Bushman, tribu décimée au début du siècle dernier par les Damaras, présentent des scènes de chasse. Eléphants, girafes, oryx, springbok, koudous parsèment les parois rocheuses. Seule la girafe est absente de la région, sa présence est sensée apporter de l’eau. Twifelfontein signifie d’ailleurs « source incertaine » à l’image de ce petit gisement qui fournit quand lui chante le liquide tant escompté.
Enfin, cette présence animale pressentie sera bientôt face à moi. Demain, le parc d’Etosha me permettra peut-être de débuter l’observation de cette vie sauvage tant attendue.
Etosha, le dimanche 22 août.
En route pour le parc d’Etosha, ce fameux parc qui rassemble une bonne partie de la faune namibienne.
En chemin, une petite halte pour « the petrified forest ». Voilà donc des arbres qui, contre ventes et marées, se sont fossilisés il y a quelques 380 millions d’années. Mais qu’est-ce donc que ce continent qui préserve à ce point la nature ? Les nations occidentales devraient en prendre de la graine, elles qui s’essaient de détruire à minima.
The petrified forest The petrified forest
A Etosha, sitôt rentré dans l’enceinte du parc, une multitude d’animaux défilent. Notre véhicule devient sitôt notre ange gardien, notre camp est installé dans une zone électrifiée. Ici, le petit homme est en cage pour sa sécurité.
Qu’il s’agisse d’observer le point d’eau, à l’extrémité du camp, ou de grimper dans notre véhicule pour une sortie, le spectacle est toujours le même : une succession d’éléphants, girafes, oryx, gnous, zèbres, antilopes, oiseaux,… Le petit homme n’est ici pas un prédateur et il peut observer tranquillement ; observer la force tranquille de ces quelques rhinocéros et éléphants, observer l’élégance des mouvements de ces quelques girafes, observer la hiérarchie qui s’impose dans cette faune variée,… Tout semble aller si lentement ici.
Premières rencontres animales… Premières rencontres animales…
Et ces chacals, ces chiens du désert, à l’affût du moindre reste à grignoter. Ils me rappellent que cette faune, c’est aussi ce monde impitoyable où chacun prend place dans une chaîne alimentaire. Où se trouvent donc les lions ? Ils se laissent désirer. Leur présence est pressentie de toute part. La crainte que chaque bête manifeste à l’approche des points d’eau suffit à me rappeler ce danger qui veille.
On frémirait presque à l’idée de croiser le chemin d’un de ces mammifères !