Vientiane, le mardi 9 octobre 2007.


Incroyable ! Le Laos restait un doux souvenir… Tout ressurgit à mon arrivée. On m’avait laissé entendre que le pays avait beaucoup changé, que le sabaïdi n’était plus systématique. J’avais imaginé le pire !

La capitale a considérablement changé, et il est surement de même de son pays dans son ensemble. Mais on ne peut pas espérer que le développement ne touche pas ce pays. Au contraire, il faut s’en réjouir. Le Laos est apparemment le pays de la zone de Sud-Est qui a connu la plus forte croissance.

La capitale est plus goudronnée. La terre qui recouvrait les routes jadis et qui faisait de Vientiane une petite ville de campagne plus qu’une réelle capitale a laissé place à de belles avenues bitumées avec de larges trottoirs pavés. Aucun building (ou peu) de nouvelle génération chinoise ne vient perturber l’aménagement des rues. Une certaine hauteur est respectée. Vientiane n’a rien avoir avec la gigantesque Yangon où on pouvait regretter l’état des bâtiments laissés en désuétude, recouverts au fil des ans par une végétation grimpante, décrépis par des pluies diluviennes régulières. A Vientiane, rues et bâtiments sont entretenus. La faible démographie contribue probablement à l’entretien de la ville et ne la pousse pas dans un développement frénétique tous azimuths.

Quant au sabïdi, s’il n’est plus adressé systématiquement, c’est à l’évidence lié au nombre de touristes toujours croissant. Les pauvres laotiens passeraient leur temps à dire bonjour.

Moi qui avait vaguement pensé à ne pas passer au Laos, craignant d’être frustré de ne pouvoir, faute de temps, visiter un nombre suffisant de villes, je ne regrette pas ma venue. J’ai même hâte de partir pour Luang Prabang. Mon bus est réservé pour demain.

Ce soir, j’ai poussé tardivement la porte d’un temple alors que les horaires de visite étaient passées, le Vat Si Saket. J’ai fait mon mea culpa mais il avait laissé un tel souvenir dans mon esprit que je ne m’imaginais pas ma venue sur Vientiane sans y passer. La vieille pierre et le bois qui le composent m’enivrent. Il est désormais devenu musée. Pourvu que les revenus rapportés favorisent son entretien et sa restauration régulière.

Au Vat Xieng Nyeun, je me pose. Quelques bonzes ouvrent les portes et me permettent de visiter l’intérieur. Kàwp jai lài lài. Je me souviens maintenant ce qui m’avait tant charmé dans ce pays. L’accueil et l’humilité de son peuple me réjouissent.

L’heure du dîner est arrivée et je savoure mon premier riz gluant.


Luang Prabang, le vendredi 12 octobre.


A un peu moins de dix heures de bus de Vientiane, Luang Prabang semble une oasis en Asie du Sud-Est. La ville, même si elle s’est considérablement développée, n’a perdu aucun de ses charmes. La quiétude des habitants, leur hospitalité, leur sens du partage, leurs sourires sont un plaisir à consommer sans modération. Ici, il fait bon d’errer, se poser et tenter d’engager une conversation. Le reste vient tout seul, le plus naturellement possible.

Dans cette ville, 32 temples sont conservés dans les règles de l’art. L’Unesco veille à leur préservation et plus encore à l’aménagement de la ville dans son ensemble. Il reste à espérer que Luang Prabang sera ainsi préservée de toutes les dérives inhérentes au tourisme de masse. La capacité d’accueil semble ici en effet colossale.

Dans ces circonstances, il est surprenant, agréablement surprenant de constater que les laotiens n’ont rien perdu de leur gentillesse. Un français m’a dit que le coucou à l’occidental était ici un sport national. Je crois bien le comprendre. Les enfants passent leur temps à me saluer en remuant la main.

Je me plais ici à traîner dans les temples et trouve à chaque fois des bonzes novices, étudiants de fait, pour m’accueillir, parfaire leur anglais. Je crois rêver. Moi et mon anglais pitoyable sommes transformés en objet d’apprentissage. Rude épreuve.

Mais c’est à chaque fois une belle occasion d’échanger un peu. Ces jeunes moines s’enquêtent de connaître les pratiques religieuses de la France et je regrette de ne pas avoir avec moi quelques photos d’églises ou de cathédrales, de mosquées ou autres.

Parmi les jeunes moines que j’ai pu rencontrer, un dénommé Bounthoune a gagné mon affection. Nos avons bien discuté pendant deux ou trois heures, lui oubliant la lecture de ses cours, moi l’objet de ma visite dans le temple. S’il n’avait dû regagner son temple pour y suivre ses enseignements bouddhiques, je crois que nous aurions pu discuter toute la journée. Il m’a prié de vouloir l’accompagner la semaine prochaine dans son village pour me le présenter.

Les grottes de Pak Ou, je ne les avait pas visité lors de ma première visite. C’est chose faite et très franchement, ce n’aurait pas été grave de les louper une seconde fois. Seul le déplacement en bateau vaut le coup. Le Mékong est sa vie fluviale sont plaisant à suivre. Le paysage est somptueux, pour qui aime la nature et l’espace. Les montagnes recouvertes d’une végétation luxuriante se plongent dans le fleuve, en pente suffisamment douce pour qu’une activité humaine puisse s’y établir. Quelques villages apparaissent alors, quasi dissimulés dans une forêt tropicale parmi les plus denses. Seuls les enfants qui jouent sur les rives trahissent la présence des villages.

A défaut de m’enfoncer comme je l’aurais souhaité dans cette forêt, je profiterai du peu de temps dont je dispose pur faire un petit tour à Muang Ngoi Neua. Ce village, accessible par la seule voie fluviale, n’est pas propice au déploiement de toute activité industrielle.

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