Une visite de Siem Reap et de ses environs, à la découverte des temple d’Angkor

Le Cambodge fait partie de ces expériences inoubliables, sûrement d’ailleurs pour l’attachement soudain que l’on y manifeste. L’accueil, la gentillesse, le sourire permanent de son peuple, pourtant dans le besoin, contribue davantage à cet attachement. Seulement cinq jours, et déjà nous avons eu l’impression de nous y intégrer parfaitement, de partager les même joies, de ressentir les même peines. Nous sommes venus dans ce pays pour y visiter le site d’Angkor, et nous avons été emerveillés par les quelques personnes que nous avons croisées (qui n’étaient pas sans nous rappeler la douce population laotienne).

Nous en sommes à peine sortis que nous pourrions presque vouloir y retourner !

Le pays présente de plus un des sites les plus prestigieux qui soit, Angkor. Celui-ci ne se contente pas de dévoiler un temple, mais un ensemble de temples répartis sur plusieurs hectares dont chacun manifeste des caractéristiques particulières. Il y a peu de chose à dire pour le décrire, il faut le voir.


Siem Reap, le dimanche 17 septembre.


Dès le passage de la frontière à Poipet, nous replongeons dans l’atmosphère laotienne que nous avons côtoyée il y a maintenant quelques mois. Pour preuve : les chemins de terre, beaucoup d’enfants, une pauvreté apparente. Des souvenirs ressurgissent.

Le Cambodge, au Nord-Ouest tout du moins, n’offre pas ou peu de trace de développement. Nous sommes conquis par le sentiment que le chemin de la richesse sera long et difficile. Nous passons la journée dans le coffre d’un pick-up sur une route des plus escarpée, que la saison des pluies continue de travailler. En chemin, les enfants n’ont de cesse de saluer.

Le Cambodge offre une impression de désolation. Du moins, une première approche laisse entrevoir pareil sentiment. Le pays est plat, semble non exploité. Les jeunes enfants sont nus, noirs par le soleil et la poussière que le passage des véhicules entraîne. Des gens, qu’aucune maison apparemment n’accueille, font parfois acte de présence. Une courte pause dans une ville, Sisaphon, et quelques enfants nous implorent de leur acheter quelque chose. Ce jeu de pitié ne nous enchante d’ailleurs guère, mais nous pouvons le comprendre face à cette pauvreté que des évènements passés ont engendrée. Et puis le sourire d’autres à nous voir transiter par leur pays, nous pousse immanquablement à leur rendre pareille expression.

Un peu d’histoire : comprendre la délivrance d’un peuple.
La guerre du Vietnam. Le pays subit des incursions vietnamiennes et américaines. Les combats incessants le plongent dans la misère.
Le gouvernement alors en place – délicatement élu par les américains – présente toute sa faiblesse et subit l’assaut politique de Pol Pot et de ses khmers rouges. De grandes réformes agraires sont mises en place. Les villes sont désertées, toute forme de culture et d’enseignement abolie. Les gens doivent désormais travailler la terre et tout manque à cette règle se solde par la mort. Ce sont deux millions de morts que ce régime engendrera en dix ans.
Fin des années 70, les vietnamiens envahissent le Cambodge libérant le peuple de l’emprise de Pol Pot. Ce dernier, enfoui dans le Nord-ouest n’aura de cesse pendant les dix années suivantes que de faire fuir cette présence étrangère. Des millions de mines sont disposées entraînant des centaines de milliers de morts, des dizaines d’autres amputés (dont on trouve ici le plus fort taux au monde). On estime aujourd’hui à quatre millions le nombre de mines non désamorcées encore présentes. L’exploitation agricole dans cette région est pour ainsi dire paralysée.

Vraisemblablement, cette population cambodgienne a beaucoup souffert et n’a pas finir de souffrir. Nos sentiments, aussi confus qu’ils sont doivent en tout cas être assouplis et notre comportement, encore endurci et trop intransigeant après deux mois d’Indonésie, adouci. Il nous faut retrouver le sourire et le calme, solution idéale du moindre souci, et par exemple, face a l’espoir de vente insistant de certains, face au comportement implorant et mendiant et de toute évidence exagéré d’autres.

En pleines terres anciennement occupées par les khmers rouges, nous sommes probablement dans la partie la plus « chaude » du pays. Quelques arrêts fréquents permettant à des gardes de nous contrôler, ou obligeant parfois notre chauffeur à payer pour que la voie se dégage, occasionnent quelques stress. En effet, à l’image des péages, chaque pont est barré et se libère un petit droit d’entrée. Sur une route en pareil état, avec un terrain alentour probablement miné, les khmers rouges n’avaient aucune difficulté à agir. Bien que nous savons la situation politique calmée, nous ne sommes pas toujours à l’aise avec cette pensée, particulièrement à la nuit tombante ou en présence d’uniformes.


Siem Reap, le lundi 18 septembre.


L’objet de notre incursion au Cambodge consiste à visiter les temples d’Angkor. Nous obtenons un pass pour trois jours et consacrons cette première journée à l’étude des principaux temples : Angkor Wat, Angkor Thom et Ta Prohm. Une description ne serait pas explicite. Il faut le voir de ses propres yeux. Nous sommes fascinés pas seulement par la dimension des temples, par les bas-reliefs et l’architecture les caractérisant mais surtout par le nombre important de sites religieux que trois siècles ont combler de diverses influences. Notre coup de cœur ira au Ta Prohm que les explorateurs français ont à peine restauré, nous laissant observer les méfaits de la jungle. Il en reste des amas de grés taillés que la mousse recouvre, des murs encore tenaces que des racines soutiennent. Le tout dégage un charme exceptionnel. Ce temple offre également l’avantage d’apprécier le travail des restaurateurs sur les autres. Une chose est sûre, le site d’Angkor nécessite plus d’une journée.

A noter ! Sur chaque site, la trace touristique véhicule quelques richesses. Aussi les enfants cherchent absolument à nous vendre quelques cartes postales. Les éviter est une tâche difficile. En quelques coins, des gens dont un ou plusieurs membres sont amputés jouent de la musique. Le plus frappant, c’est le naturel, le sourire joyeux, sincère et omniprésent qui les caractérisent. Ici, pas de mendicité.

La présence française ne se manifeste pas dans la ville de Siem Reap à travers l’architecture mais plutôt via la langue que beaucoup utilisent facilement en notre présence. La qualité du français qu’ils parlent est même remarquable. De même, la culture culinaire a été transmise. C’est avec une immense joie que nous dégustons un steak frite digne de chez nous.


Siem Reap, le mardi 19 septembre.


Un petit sandwich « Vache Qui Rit » pour bien commencer la journée ! Nous repartons pour l’exploration d’Angkor sur des sites plus éloignés. De cette longue virée, nous tomberons sous le charme du temple de Bantaey Samre, qui n’est pas sans nous rappeler le Vat Phu de Champassak (Laos). De cette longue virée, en direction du groupe de Roluos, nous nous imprégnons de la campagne, de ses routes de terre déchirées par cette saison des pluies, de ses enfants non scolarisés qui nous regardent passer.

Sur ce dernier point nous sommes touchés. C’est le premier pays dans lequel nous constatons une si mauvaise nutrition. Les enfants, pour la plupart nus, présentent une certaine maigreur. Ils sont de plus, dès le plus jeune age, au travail. Le Cambodge peut résolument remercier Pol Pot d’avoir bani l’élite culturelle et d’avoir privé cette enfance d’écoles. Il accuse vraisemblablement un réel retard de développement.


Siem Reap, le mercredi 20 septembre.


Visite de Siem Reap. La ville nous replonge dans Luang Prabang, vit tranquillement au rythme des vélos qui sillonnent les rues.

Une dernière journée sur Angkor nous offre la vision ultime d’Angkor Wat, un dernier regard sur le Bayon et ses sourires mystérieux, une dernière marche dans le Ta Prohm, une halte furtive au Preh Khan,… Pour cette dernière soirée, comment ne pas succomber au plaisir culinaire de la nourriture française.


Siem Reap, le jeudi 21 septembre.


Retour sur la Thaïlande par le même chemin. Tout se passe pour le mieux. Nous qui appréhendions à l’aller quelques entourloupes de khmers rouges pouvons bien nous décontracter. Le pays semble bel et bien sans risque. Tous les moyens de transport sont ouverts aux touristes, toutes les voies empruntables. Les ambassades et autres guides écrits, déconseillant certains trajets, et se détachant par la même de toute responsabilité, sont génératrices de stress. Bref, le trajet se déroule en toute décontraction dans le folklore habituel des routes escarpées, à la mercie de la moindre pluie, au contact quasi-constant de la poussière.


En guise de conclusion


Le Cambodge fait partie de ces expériences dépaysantes, sûrement d’ailleurs pour l’attachement que l’on y manifeste. L’accueil, la gentillesse, le sourire permanent de son peuple, pourtant dans le besoin, contribue davantage à cet attachement. Seulement cinq jours, et déjà nous avons eu l’impression de nous y intégrer parfaitement, de partager les même joies, de ressentir les même peines.

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