Bodnath, le mercredi 2 novembre.


Ce pays est résolument spirituel !

Si le Népal est majoritairement hindou, il abrite une communauté tibétaine importante. A Bodnath on se plait à observer l’immense stupa symétriquement parfait, à suivre les moines qui le contournent. On retrouve les habituels colliers, les moulins à prière, les cloches, … Ici et là, quelques uns méditent. Ici et là quelques femmes brûlent l’encens. Ici, l’homme occidental semble fou. Il faut le voir penché à quelques mètres de son sujet, objectif tendu, pensant saisir un précieux instant alors que de toute évidence, ici, c’est l’éternité qui est précieuse… Ces moines doivent bien rire en nous observant à fureter dans tous les coins. Dans tous les cas, ils nous sourient et nous remercient.


Bhaktapur, le mercredi 2 novembre.


Cette petite escapade ne doit pas nous faire oublier le Tihar. Prithivi nous a convié ce jour à participer aux festivités familiales.

Une soirée forte en émotion et qui probablement restera gravée à jamais dans ma tête. Plus qu’une simple fête des lumières, le Tihar est aussi le nouvel an Newar. Une double raison donc de festoyer. A aucun moment depuis mon arrivée je n’avais ressenti chez nos hôtes une appartenance à une communauté précise. Et pourtant, voilà que je réalise seulement après coup que la langue, les us et les coutumes diffèrent sensiblement de ceux des népalais.

Nous nous retrouvons ce soir, au dernier étage d’une demeure, assis sur la terre battue, posté face à quelques symboles dessinés sur le sol. Quelques mèches sont allumées.
Entre les flammes qui s’animent maintenant face à moi et les nombreuses autres disséminées sur chaque fenêtre de la maison, je me mets un instant à paniquer à l’idée qu’une seule ne chavire et ne vienne réduire cette demeure en poudre… J’en viendrais même à regretter que la cuisine se situe au dernier étage…

Mais cet instant de panique se dissipe vite et l’émotion prend le dessus. J’en viens à remercier pudiquement Prithivi de nous témoigner une telle confiance. Il me semble ce soir faire partie de la famille.
Je me prête au jeu, à porter quelques offrandes à mon front avant de les déguster. J’observe les rites et tente de les reproduire quand j’y suis invité. Je plonge volontiers la main droite dans mon assiette pour saisir quelques aliments q’elle présente.

Le repas qui nous est servi, à base de riz séché, ne suscite pas mon appétit et j’ai le plus grand mal à le finir. Mais comment se permettre de laisser ces mets de choix alors que cette famille nous fait partager ce moment privilégié.
Humilité et gentillesse sont les deux traits de caractère que nous témoignent chacun des membres.
De nombreux rires sont échangés et j’aime entendre celui de la femme de maison, un rire sans retenue qui explose, lorsque par exemple elle constate que nos vêtements, alors que nous étions adossés au mur, sont devenus blancs.
J’aime voir cet homme de maison revêtir son chapeau et prendre un air sérieux pour une photo souvenir alors qu’il déploie à longueur de temps un sourire gracieux.


Changu Narayan, le jeudi 3 novembre.


Changu Narayan, situé non loin de Duwacott, abrite le plus vieux temple du Népal.

C’est une occasion de visiter la campagne environnante, de traverser quelques rizières, de se hisser timidement jusqu’au sommet de cette colline, avant de se décontracter face à cet édifice surprenant de détail.

Les népalais ont à ce propos un souci de préservation surprenant. La vallée de Katmandou, tout du moins, n’a de cesse que de vouloir nous plonger dans quelques siècles passés.

Est-ce donc ces montagnes et son air frais qui freine l’érosion ou le respect des traditions ancestrales qui poussent à la conservation. En tout état de cause, nous présentons naturellement un profond respect en ces lieux et observons les sculptures ici et là lissées des sièces durant par le passage des hommes les caressant, ici et là rougies au fil de différents rituels.


Bhaktapur, le jeudi 03 novembre.


Dernier jour de Tihar. Les frères et sœurs sont à l’honneur ce jour. La grande cérémonie se prépare. Un véritable plaisir ce soir de retrouver toute cette petite famille. Une double ration de yaourt est achetée (« non, non, ce n’est pas par crainte de ne pouvoir finir le repas ! »).

Le rituel ce soir est on ne peut plus surprenant et, finalement, la cérémonie de la veille nous aura permis de nous accoutumer aux scènes répétées que nous allons vivre et nous aura évité de prendre les Newari pour des fous. Ce soir, le Tihar se finit en apothéose !

Ce soir, sept femmes défilent pour nous offrir offrandes et autres – offrir signifiant les verser sur notre tête – après bien entendu nous avoir peint la figure en rouge, apposé une tika de toute beauté – 7 couleurs je crois –, un peu de yaourt sur le front, un collier de fleur au cou, une tige suspendue à notre oreille droite. Bref, le repas ne peut débuter qu’après avoir le visage complètement peint, les cheveux plein de fleurs, le torse comblé de colliers et autres.
Ce soir, nous vivons sept fois ce que nous avons vécu hier soir.

Le fou rire nous gagne quand dans la rue nous nous voyons mutuellement.
On se dit, ce soir en revenant de cette cérémonie et en retombant sur terre qu’on nous prendrait pour des fous si on nous voyait dans cet état.

Nous ne pouvons que nous réjouir et remercier Prithivi de nous témoigner une telle confiance en nous plongeant dans cette intimité, son intimité.


Bhaktapur, le samedi 5 novembre.


Il ne me reste plus qu’une petite journée sur le Népal et une belle occasion de vouloir y revenir !

Le temps d’une dernière plongée dans Bhaktapur. L’appareil photo est encore et toujours un de nos meilleurs amis. Nous souhaitons vivement, même si c’est totalement illusoire, qu’il pourra mémoriser chacun de ces instants passés à errer dans la ville.

Nous cherchons inlassablement quelques brèches dans ces étroites ruelles. Quelques brèches qui nous permettraient de bénéficier de suffisamment de lumière pour saisir quelques scènes : une femme portant une cruche ou battant le riz, un porteur d’eau.

Le décor ne cesse d’exercer une fascination !


Duwacott, le dimanche 6 novembre.


L’appareil photo n’est plus une réponse suffisante à quoi que ce soit. Il ne sert maintenant plus à rien de tenter d’immortaliser un quelconque instant. Il me faut désormais profiter de ces derniers.

Profiter du retour des enfants.

Les vacances sont terminées pour tout le monde semble-t-il ! Je me réjouirais presque de voir la tristesse naturelle qui habite certains enfants du centre. Ceci signifie au moins qu’une famille est belle et bien présente dans leur vie et pense à eux. Le rôle du centre d’accueil est ainsi bien tenu, il n’a pas pour objet de se substituer aux familles mais bien d’offrir une éducation complémentaire, pour que chacun puisse par la suite prendre son indépendance.

Ces derniers jours, il nous est arrivé de croiser quelques enfants du centre dans les rues de Bhaktapur. C’était amusant de les voir s’approcher presque hésitants, en tout cas discrètement. C’était rassurant de les voir jouer avec d’autres camarades dans les rues.

Moi qui au cours de ce séjour pensais déjà à un futur come-back au Népal pour en visiter la campagne, je me dis ce jour qu’il me faudra aussi revenir pour voir ces « petits gars » et suivre leurs évolutions.
En quittant le Népal, je laisse un bout de mon coeur…

Profiter de nos hôtes.

Evidemment, c’est aussi un au-revoir fraternel avec nos hôtes, nos amis. Prithivi et Surya sont tous deux fantastiques. Leur générosité et leur souhait de partage inconditionnel et altruiste est une bénédiction.

Nous finissons ce séjour avec un dernier coup de tika. Mais, après ce que nous avons vécu, celui-ci sonne « vrai ».Ce point rouge, je le garderai longtemps sur mon front. Il est et restera le témoin de l’affection que je leur porte à tous.

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