Dans la vallée de Katmandou, le jeudi 20 octobre.
Avant que nous retournions visiter le centre d’accueil de Duwacoat, nous prenons le chemin du Swayambunath. Il est des sites comme ça, incontournables qu’on souhaite visiter à chaque passage. Nous y retrouvons les habituels singes, chapardeurs de victuailles, les nombreux touristes, avides de photos, les croyants, priant dans un silence à bénir. J’avoue que le stupa, même s’il mérite assurément le détour, en a fini de me surprendre. Je m’attache cette fois davantage aux effigies de Bouddha…
Il est vraiment regrettable que les népalais polluent à ce point leurs terres. Sur Kathmamdou, nous atteignons des sommets… Partout, les détritus pullulent, sur chaque chemin, dans chaque cours d’eau. Se rendent-ils seulement compte des méfaits que cette pollution engendre sur leur organisme ? Prithivi nous disait l’autre jour qu’il se baignait dans certains cours d’eau lorsqu’il était jeune et que ce n’était plus possible à ce jour – on peut le comprendre.
La route de l’assainissement sera en tout cas très longue. Kali, par exemple, a beau nous informer qu’il sensibilise les enfants de son école à la nécessité de préserver leur environnement, nous doutons quelque peu de l’efficacité de ses enseignements. Il n’y a qu’à le voir jeter le moindre sac plastique au sol !
Et au dela du grave problème sanitaire que cela pose, je me dis qu’un bon nettoyage rendrait le pays et notamment sa capitale bien plus belle. La simple descente du Swayambunath en témoigne. En quelques endroits, on observe des escaliers sculptés qui ne retiennent évidemment pas notre attention, recouverts de déchets qu’ils sont.
Nous retrouverons donc le centre de Duwacoat et la famille Sayaju dans le début de l’après midi, les observerons dans le jardin potager planter quelques ognions et blettes. Honteusement, nous ne leur prêterons pas main forte, surtout après que nous ayons essayé leurs ustensiles et que nous ne montrions pas très efficaces et surtout dangereux pour les récoltes.

16h30.
Il y a des scènes dont je ne me lasserai jamais. Celle de l’arrivée des enfants dans le centre en est une. Tout juste un doux « Namaste uncle » est prononcé à mon attention avant que chacun aille se rassasier rapidement, nettoie ses couverts, et se mette à faire ses devoirs.
Prithivi nous convie à nous rassasier un peu pendant ce temps, ce que nous faisons avec plaisir. Quelques mots sont échangés, notamment à propos du week-end.
Le soir venu, nous descendons perturber quelques peu la séance de devoir. L’envie de discuter avec les enfants était plus forte. Je suis particulièrement touché lorsqu’ils me demandent des nouvelles de ma petite famille, Philémon et Monyrra.
Ce sera très difficile pour moi de les quitter ce soir même si je sais que les reverrai seulement dans deux jours.
Gaïkhur, le vendredi 21 octobre.
Cela fait six ans que je n’avais mis les pieds sur Gaïkhur.
Non loin des Anapurnas, sur la route de Pokara, il faut, pour s’y rendre, s’arrêter sur Dumre puis prendre un bus pour Turture. S’en suit une petite marche de deux heures, une rigolade à côté de Birta, jusqu’au sommet, pour atteindre une maison de briques rouges, de type coloniale, aux volets bleus.
La première chose qui frappe en arrivant dans ce lieu, c’est son calme… Se dégage de cet ensemble une tranquilité sans égal. Tulli Kanchi, qui s’occupe des enfants avec Madhu, nous accueille la première, sourire aux lèvres,… Madhu suit… Au fur et à mesure, chaque enfant suivra nous saluant respecteusement. Quelques échanges auront lieu avant que chacun prépare son départ. Heureux à l’idée de venir avec nous demain pour Pokhara – seul un enfant s’est déjà rendu dans cette ville -, les enfants repassent quelques affaires. Ce court séjour coûtera cher à l’association… Mais quand on voit le bonheur qu’il suscite chez eux, il n’y a rien à regretter.
Dans l’attente, je m’amuse à essayer de mémoriser le prénom de chacun. Alors que nous sommes plongés dans la nuit, ce n’est pas un exercice facile…
De Gaïkhur à Pokhara, le samedi 22 octobre.
Le centre de Gaïkhur est un succès, à l’image de celui de Duwacoat. Nous cherchons souvent depuis la France les améliorations que nous pourrions lui apporter. Et, bien que sommaire, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas grand chose que nous puissions faire de plus. Éventuellement, des panneaux photovoltaïques seraient les bienvenus. Bien que pourvu d’électricité, celle-ci manque beaucoup, les coupures étant incessantes. D’un autre côté, la grande famille en est coutumière et n’éprouve, semble-t-il, aucune difficulté à vivre sans.
A six heures du matin, il est bon de se poser au pied d’un arbre, d’observer le soleil levant, d’observer la petite troupe à l’oeuvre… Le Dal Bath sera servi et englouti à 8h00. Pour l’heure, alors que certains s’habillent, d’autres sont partis chercher de l’eau. Quant à Tulli Kanchi et Madhu, elles oeuvrent déjà dans la cuisine.
Nous prenons le chemin de Dumre… Les enfants ont revetis leurs plus belles affaires pour l’occasion. Pour ce qui nous concerne, nous sommes en sueur lorsque nous marchons, le soleil étant particulièrement fort. Nos affaires sont recouvertes de poussière depuis hier déjà. Et pour être clairs, nous sommes clairement les moins bien sapés, les plus sales aussi… Pas une goutte de sueur n’entachera la petite troupe.
Arrivés sur Dumre, nous apprenons que le groupe en provenance de Bhaktapur est coincé dans un embouteillage. Un pont s’est écroulé semble-t-il, causant au moins un mort. Les villageois ont choisi de bloquer la route pour manifester leur mécontentement. Nous attendons donc sur Dumre, pour quelques heures encore.
Trois heures plus tard, notre bus arrive enfin. Il fait déjà presque nuit. Nous montons dans notre moyen de transport. C’est la première fois que les enfants se rencontrent. Tout le staff népalais est là aussi. Nous sommes 32. Cela fait pas mal de monde. Thanaka exerce ses activités depuis dix ans. C’est un cadeau légitime qu’elle offre à tout ce petit monde… Nous prenons enfin le chemin de Pokhara. Dans le bus, les enfants commencent à fatiguer sérieusement. Les enfants de Gaïkhur, peu habitués aux transports motorisés souffrent de maux de cœur.
Le Népal réserve à chaque heure ses surprises. Lorsque nous arrivons deux heures plus tard dans notre hôtel sur Pokhara, nous constatons que celui-ci est très bruyant, que certaines chambres qui nous ont été attribuées sont carrément insalubres, que la place disponible n’est pas suffisante pour loger tout le monde. Ca commence mal. En cette heure avancée, nous ne pourrons trouver un autre hôtel pour tous. Nous laissons donc notre place, pendant que Dhana et Prithivi placent chacun des enfants tant bien que mal, et nous partons à la recherche d’une chambre ailleurs. Nous en trouvons une non loin de là, bien mieux. Nous y séjournerons cette nuit avec Tulli Kanchi et Madhu. Le patron nous laisse entendre que des chambres seront peut-être disponibles demain pour tous.