Une traversée du nord au sud, en regrettant de ne pas pouvoir s’enfoncer dans un nord profond (faute de temps), en regrettant de ne pas pouvoir s’approcher davantage du sud-est (saison des pluies oblige)

Le Laos fait partie intégrante de ces expériences dépaysantes. A jamais, il restera gravé dans nos mémoires car s’il est vrai qu’un nombre important de rumeurs (conséquence d’une censure trop importante), pour la plupart vérifiées, nous ont quelque peu effrayé, nous avons été marqués par sa population nordique, on ne peux plus charmante, totalement désintéressée à l’égard de notre patrimoine financier. A repenser son homologue thaïlandais, nous n’avons jamais eu souvenir, par exemple, de compter l’addition pour y ajouter les quelques lignes que les vendeurs oublient d’apposer systématiquement… L’héritage communiste, les influences religieuses bouddhistes jouent probablement en faveur d’un tel phénomène. Ici, la recherche du profit n’est pas un objectif prioritaire. Chacun a son bout de terrain et peut subvenir, même difficilement, à ses besoins. Chacun prend le temps de vivre. Et puis, de toute façon, à constater le peu de biens de consommation, nous n’entrevoyons que difficilement ce à quoi l’argent pourrait bel et bien servir. Enfin bref, nos repères se sont effondrés ! Des leçons de vie, voilà ce que nous avons acquis !
Les laotiens ne détiennent rien mais ils ont, pourtant, tant de chose à offrir ! ! !
Dans ce pays, il compte davantage de se laisser aller à prendre connaissance des us et coutumes locales, de se prendre de sympathie pour quelques personnages,… Le pays offre des paysages naturels à couper le souffle, paysages dans lesquels nous nous sentons parfaitement intégrés. Bref, où que nous nous trouvons, nous sommes chez nous. Un bain de nature et de simplicité, tel est ce que le Laos promet.
Houeisai, le samedi 22 avril.
Ah !!! Le Laos. Nous y parvenons enfin. De l’autre rive, on le voyait développé, il en est tout autrement sur place.
Après avoir règlé les formalités douanières, nous prenons le chemin de l’embarcadère où nous espérons prendre un bateau pour Luang Prabang. Tout est plus simple que ce que laissait entendre notre guide. Nous embarquons quasi-immédiatement.
La descente du Mekong est très agréable. Le fleuve est peu mouvementé. Il traverse les montagnes. Le paysage est somptueux. Les enfants laotiens n’ont de cesse de nous saluer, sourire aux lèvres, bien entendu. Les paysans pratiquent la culture sur brulis qui ne semble pas pour autant perturber la végétation en perpétuelle expansion.
Le soir, nous faisons halte à Pakbeng. Une vision malsaine du Laos nous empare. Sitôt sortis du bateau, des gens proposent de la drogue, des enfants mendient, les chambres à coucher sont déplorables. Ce bourg étant un passage obligatoire, les habitants profitent de la situation.
Pakbeng, le dimanche 23 avril.
Deuxième jour de bateau… Paysage toujours somptueux. Six heures nous seront nécessaires pour rejoindre Luang Prabang.
Salutations
L’architecture des bâtiments témoigne du passé colonial subi. La ville se présente du plus bel aspect, les gens des plus sympathiques. Pakbeng est déjà oubliée et le Laos se promet déjà merveilleux.
Luang Prabang, le lundi 24 avril.
Départ pour les chutes de Kuang Si. Une heure de Tuk-Tuk dans des chemins escarpés. Les routes goudronnées ne sont, ici, pas existantes. Nous traversons quelques villages.Arrivée aux chutes. Le site est féerique. C’est de loin les plus belles que nous ayons pu voir à ce jour. Plusieurs niveaux sont accessibles jusqu’au sommet, où l’on peut voir le cours d’eau qui alimente les chutes. De toutes parts, l’eau prend une couleur émeraude. Petite baignade et visite d’un village à proximité : le village de Ban Tha Baen. Quelques chutes s’y déversent. Les gens sont tous à l’œuvre. Construction de bâtisses pour les hommes et artisanat pour les femmes.
Note : le Laos est un pays jeune. Où que nous soyons, des enfants nous saluent. Dans les magasins, ils nous reçoivent, nous servent.
Luang Prabang, le mardi 25 avril.
Promenade dans la ville. Luang Prabang détient une multitude de temples. L’un d’entre eux se trouve sur une colline, à cent mètres au dessus du sol. Nous y grimpons. La vue est superbe. Le Laos se développe gentiment. Rien à voir avec la Thaïlande où tout semble s’être construit trop rapidement. Ici, l’architecture se mêle parfaitement à l’environnement. Nous sommes sous le charme.
Départ pour Ban Pathom, un village de tisserand alentour. Une longue marche nous est nécessaire. On assiste sur place au métier du tissage. Plus loin, une fabrique expose les productions.
Nous rentrons tranquillement en ville. Nous rencontrons un couple de voyageurs français avec qui nous passons la soirée. Ils ont déjà dix ans de voyage à leur actif et nous font partager les bons comme les mauvais moments.
Note : Nous avons des idées plein la tête. Quand on voit les tissus de qualité que produisent les Laotiens et le prix qu’ils exercent, il en faudrait peu pour se décider à ouvrir une boutique en France, où plus simplement, à rechercher des acheteurs potentiels.
Luang Prabang, le mercredi 26 avril.
Le Laos cherche à développer le tourisme. Aussi, quand un touriste se fait renverser par une voiture alors qu’il faisait du vélo, il en interdit tout simplement la location. Il nous faut deux bonnes heures pour en trouver, pour repartir jusqu’au village de Ban Pathom, nous y achetons une écharpe de soie brodée a la perfection… Après réflexion, il y a tout de même quelques défauts. Nous poursuivons notre chemin pour atteindre la modeste tombe d’un explorateur francais.
Village
Ce soir, petit restaurant français, le repas est excellent : salade de cresson, crème de potiron, pavé à la saint sylvestre, frites, gratiné de macaroni,…. La cuisine française a des saveurs que nulle autre ne détient !
Luang Prabang, le jeudi 27 avril.
Allez ! Un petit effort ! Levés 5h00, direction la rue principale. Nous assistons à un défilé de moines. Sur les trottoirs, les habitants sont agenouillés afin de nourrir (principalement de riz) les bonzes. Chaque caste se présente, puis retourne respectivement dans son temple. Nous nous rendons dans l’un d’entre eux pour en apprendre davantage. Un moine nommé Boon vient à nous. A la différence de notre religion, ils ont une liberté totale dans leur choix. Novices dans un premier temps, lorsqu’ils s’en sentent prêts, ils peuvent devenir moines – « choose by yourself » -, personne n’intervient dans leur décision. Nous remercions Boon de la longue discussion qu’il nous a offerte.
Six heures de bus nous permettent de rejoindre Vang Vieng. Sur place, nous battons tous nos records… Nous payons 10 francs une chambre très honorable.
Vang Vieng, le vendredi 28 avril.
Nous louons des VTT – très utiles quand on voit l’état des routes. Direction les grottes avoisinantes. Nous n’en voyons qu’une. Elle est taillée dans la chaîne calcaire que la pluie a travaillée. Cette dernière s’étire tout le long de la rivière.
La saison des pluies semble avoir débutée. Nous y avons droit tous les jours. Ce soir, l’orage est de la partie. A l’abri, nous observons le spectacle… pas désagréable, du moins pour l’instant.
Vang Vieng, le samedi 29 avril.
Nous nous essayons à l’attraction touristique locale. Il s’agit de descendre la rivière dans un pneu. Quatre heures de descente en perspective. Sur un coté, la montagne plongeante avec à son pied, une végétation verdoyante très dense. Nous avançons paisiblement en observant les alentours.
Vang Vieng
Quelques jeunes sur les bords nous révèlent la présence de serpents… Une blague de mauvais goût ! La naïveté de Laeti nous forcera a continuer notre virée à pieds.
Le soleil, bien que caché sous un ciel nuageux, aidé par sa réverbération sur l’eau, nous a atteint. C’est l’horreur ! Nous sommes quasi-brûlés. Nous irons dans les rues à la recherche d’un remède. Un falang -c’est ainsi que sont appelés les occidentaux-, installé dans le pays, nous vient en aide. Une sorte de cactus nous est conseillée : l’aloe vera. En l’ouvrant, une texture gélatineuse se dévoile. Nous n’avons qu’à nous badigeonner.
Ce soir, nouvel orage, pluies abondantes… encore !
Ang Nam Num, le dimanche 30 avril.
Départ pour Ang Nam Num. Il s’agit d’un immense lac parsemé d’îlots, favorisé par la proximité d’un barrage.
Nous trouvons un hébergement sur une île. Charmante place quand on sait qu’il n’y a pas de concurrence. Nous sommes ici en solitaire. Une petite baignade nous tente. L’eau est délicieusement chaude.
Les propriétaires détiennent un restaurant sur une autre rive. Aussi, il nous suffit d’appeler pour qu’ils viennent nous chercher à bateau. Dîner convivial à base de poisson.
Ang Nam Num, le lundi 1er mai.
La journée commence bien ! Un serpent a élu domicile dans notre salle de bain. Nous verrouillons la porte soigneusement et utiliserons dorénavant la salle d’eau commune.
Une nouvelle baignade cet après-midi nous permet de nous rafraîchir. Nous aurions presque oublié l’évènement matinal si l’orage ne nous était pas tombé dessus.
L’île qui nous semblait paradisiaque la veille prend l’allure d’un cauchemar.
De retour, trempés jusqu’aux os, nous réservons un bateau pour demain 10h.
Sur le chemin
Note : nous nous plaignons de la situation alors que les propriétaires semblent moins bien lotis que nous. Nous avons au moins de l’électricité de 18h a 22h. Ce soir, le restaurant, et donc leur domicile, étant inondé, ils nous apportent le dîner dans la pension. Charmante attention.
Vientiane, le mardi 2 mai.
Nous partons non mécontents pour Vientiane, tout en gardant un souvenir inoubliable d’Ang Nam Num. La capitale n’a rien d’une grande ville telles que nous les connaissons. Pas un building, pas un Mc Do, peu de routes goudronnées,… La ville est très paisible, à l’image d’un pays endormi. Très francisée, elle recèle de restaurants français, de vieilles maisons coloniales. Il est par ailleurs navrant de constater que l’entretien de ces dernières n’est pas assuré, faute de budget d’une part et d’intérêt d’autre part. D’une manière générale, les Laotiens laissent faire les choses, laissent la nature agir.
Couché de soleil sur Vientiane
Marchand ambulant Arc de Triomphe
Rue de Vientiane
Vientiane, le mercredi 3 mai.
Deux nuits agitées, avec très peu de sommeil à la clef m’ont quelque peu effrayé. Selon les dires d’un couple français, dont l’un a attrapé le palu, deux nuits sans sommeil s’en sont suivies par une crise de paludisme. Il ne m’en n’a pas fallu moins pour me faire mon cinéma. Résultat : nous perdons une matinée dans un hôpital pour faire des tests… Négatif : je n’ai pas la malaria.
Nous passons l’après-midi à nous promener dans la ville. Ici encore, les tissus abondent, tous plus beaux les uns que les autres. Certains se vendent excessivement chers.
Note : le français peut être lu sur l’enseigne de la plupart des bâtiments administratifs. Pourtant, peu de Laotiens le parlent encore. Cela ne changera pas dans le futur. Nouvelle preuve d’une structure endormie.
Vientiane, le jeudi 4 mai.
A 25 km au nord de Vientiane, nous espérons voir une série de grottes de pierre à chaux. Un SongThaew nous dépose à un carrefour, un tuktuk à un autre, nous devons continuer à pied. Le chemin est interminablement long : végétation très dense dans laquelle se taille une route couleur feu. Bien que l’ensemble ne manque pas d’attrait, nous rebroussons chemin et rentrons sur Vientiane. Pour ce genre d’expédition, mieux vaut se munir de ses propres moyens de locomotion.
Wat Si Saket
Wat Inpeng
A nouveau, nous finissons la journée, en errant dans les rues, en observant les boutiques.
Ce soir, nous dînons dans un restaurant donnant sur le Mékong. Un bruit très sourd se fait entendre. A 200 mètres de là, une bombe soufle une boutique en totalité. Heureusement, il n’y a pas de blessé.
Note : l’explosion de la bombe parait être un phénomène totalement banal. Personne ne s’affole. Personne ne cherche même à en connaître les raisons. Certains disent qu’il ne faut mieux pas savoir. Une chose est sûre ! L’information ne sera pas divulguée.
Vientiane, le vendredi 5 mai.
Avant de prendre la direction de Pakse, capitale du Sud du Laos, nous jetons un petit coup d’œil sur l’Arc de Triomphe de Vientiane.
Jamais nous n’avons pris un bus dans de telles conditions. Nous sommes sûrement deux fois trop nombreux et devrons bien nous y accoutumer. Nous voulions descendre à Tha Kaek afin d’en visiter les environs. Pourtant, la crainte de ne pas trouver de moyen de transport nous pousse à abandonner ce choix et à favoriser Pakse comme destination. Nous prévoyons onze heures de trajet. Nous devrions arriver au petit jour.
Bus local