La visite de Bali et une courte escapade sur Gili Air, profitant de la beauté et spiritualité de ces hauts lieux de tourisme – du 31 août au 11 septembre 2000

Personnellement, la visite de ce pays nous a remplit de sentiments partagés. Nous ne manifestions aucune tristesse à le quitter. Pourtant, nous ne regrettions pas davantage de l’avoir visité. Il est incontestablement le plus beau que nous ayons visité dans notre voyage que ce soit pour la beauté de ses volcans toujours en activité, pour la richesse de ses terres et l’exploit humain à les cultiver, pour l’existence d’imposants sites religieux, pour la conservation et le respect de ses traditions. Aussi, il faut bien le reconnaître, les indonésiens sont des artistes nés. Chaque région témoigne de cette vérité et offre ainsi un attrait supplémentaire, attrait qui d’ailleurs peut justifier à lui seul la visite régionale tant l’art exposé est original et authentique.

Si nous ne manifestions aucune tristesse, c’est sûrement grâce à cette population racoleuse qui fait surface. Les causes : probablement sa pauvreté, l’incompétence du gouvernement en cet instant de crise (l’Indonésie était en crise depuis quatre ans lorsque nous y sommes passés), le comportement des vacanciers consistant à exposer ses dollars sans réaliser l’écart ainsi creusé. Si au fond nous comprenions cette population marginale et l’excusions, nous étions lassés de ses agressions multiples et prenions plaisir à retrouver une Thaïlande, soit superficielle, mais au peuple attentif.


Ubud, le jeudi 31 août.


Nous manifestons une légère hantise à l’idée de prendre les transports dans Bali, où les habitudes touristiques sont bien ancrées dans l’esprit des locaux. Elle était justifiée. Ici, deux seuls cas. Soit nous acceptons de payer plus cher que la présence de nos sacs explique, soit nous nous résignons à changer de mode de transport. Il y a de quoi s’énerver. Accords tarifaires conclus, nous pouvons prendre la route.

Une petite note : lorsque nous avons traité une personne, qui cherchait à nous extorquer beaucoup trop d’argent pour le service rendu, de voleur, nous avons déclenché une mini émeute. Dans un mauvais indonésien, nous avions par erreur traité de voleur l’ensemble des indonésiens au lieu du seul intéressé. Ceci nous a révélé que le vol est probablement un des actes les plus réprimandés en Indonésie. Visiblement, être mis à jour dans son exercice les effraie.

Ubud, à quelques kilomètres au nord de Denpasar présente une atmosphère détendue qu’un tourisme antérieur, déjà bien présent, exigeait. Bien que feignant la présence d’une culture balinaise, la ville a su s’adapter aux occidentaux en leur offrant toute commodité. Les magasins ruissellent de toute part, présentant toute forme d’art, cinq à six fois le prix normal. Les spectacles artistiques se déroulent chaque soir à heure bien régulière, toujours à un prix élevé, et ne reflètent plus leur objectif initial religieux. Nous voici donc dans une ville au charme certain qui a su clairement tirer parti d’un tourisme estival.

Deux remarques bien indépendantes l’une de l’autre. La première, c’est que nous sommes ici en terres hindouistes. On parle d’hindouisme balinais. Aussi, la population prend soin de chasser les mauvais esprits en disposant à même le sol des offrandes empaquetées dans lesquelles des bâtonnets d’encens se consument. Pour nous, ce ne sont rien d’autre que des obstacles qu’il nous faut veiller à ne pas écraser. Autant dire que la tâche est parfois rude. La seconde, c’est qu’en s’éloignant légèrement de la ville, la pauvreté de certains vient contraster avec la richesse des autres.


Ubud, le vendredi 1er septembre.


Nous ne souhaitons pas subir une nouvelle fois les assauts d’une population voleuse durant nos trajets. La location d’une moto, quelques jours durant, calmera notre hantise.

La virée que nous entreprenons témoigne de la richesse balinaise, qu’il s’agisse de ses terres aux denrées abondantes ou de sa culture religieuse omniprésente ou encore de son art fièrement exposé. Nous souhaitons nous rendre au volcan Batur au nord-est de l’île. En chemin, nous ne manquons pas d’être stupéfait par la beauté des rizières en terrasse abondamment irriguées, par la multitude des magasins présentant sculptures et peintures, par l’architecture murale des abords de la route.

La forte présence touristique est ici clairement justifiée par les prix que nous exposent certains vendeurs. A croire qu’on nous confond avec les japonais. Bref, il ne faut pas hésiter à demander dix pour cent du prix.

Arrivée sur Penelokan. Le spectacle est saisissant. Le volcan Batur, impressionnant de taille, plonge dans un lac du même nom. Nous descendons vivement rejoindre les villages à proximité du lac. Sur place, nous annulons notre projet de marche, surpris par quelques festivités. Hommes et femmes défilent sur la route portant une multitude d’offrandes, sur les épaules pour les premiers, sur la tête pour les secondes. A quelques pas, dans un temple, une cérémonie dédiée à Shiva est en préparation. Chaque offrande est méthodiquement exposée, offrande que chaque famille aura le plaisir de déguster la cérémonie terminée. Un bœuf a été sacrifié et sa peau étendue à même le sol. Aux abords, hommes et enfants jouent tandis que les femmes discutent. Nous attendrons trois bonnes heures sans que le cérémonial ne débute et finissons par prendre le chemin du retour par crainte de la nuit tombante.


Lovina, le samedi 2 septembre.


Direction Lovina, à une petite centaine de kilomètres sur la côte nord. Alors que les vibrations incessantes de notre petite cylindrée finissent par nous fatiguer, nous marquons notre trajet par quelques arrêts réguliers.

Le Taman Ayun est un temple national. D’une manière générale, il n’y a rien à voir dans les temples balinais, du moins dans ceux qui nous sont donnés d’observer, si ce n’est d’admirer l’architecture extérieure. A juste titre, le Taman Ayun est un parc floral. Comme ailleurs, un parking (payant) est paré pour recevoir des cars. Comme ailleurs, il s’agit d’un business touristique. Bali ne cesse de vouloir nous vendre sa culture religieuse, particulièrement quand il n’y a pas matière à le faire. Tous ces parcours touristiques sont une supercherie. Tout ce cinéma est bien paradoxal avec l’attache d’une population balinaise traditionnellement engagée à conserver son identité religieuse et la pratique de cette dernière. Chaque jour, une cérémonie se déroule dans un proche kampong (village). Chaque jour, nous assistons au déplacement d’une ”troupe » préparatrice. Si les temples ne sont guère accueillants compte tenu des murs qui les entourent et qui ont pour vocation officielle de barrer la route aux mauvais esprits comme aux yeux étrangers, il n’en reste pas moins que nous n’en sommes pas rejetés et que l’approche culturelle est bien plus intéressante.

Aux trois quarts de notre destination, le Pura Ulau Danau se présente plus modeste que ce que nous pensions voir. Le petit temple se dresse sur un îlot à trente mètres du rivage. Le site avec ses multiples jardins est idéal pour une courte pause.

Arrivés sur Lovina, nous sommes à nouveau confrontés à un bon nombre de racoleurs. Il est d’autant plus difficile de les fuir ici qu’ils sont motorisés. Même si nous sommes accoutumés à leur présence, nous n’apprécions toujours pas leurs services intéressés. Nous en avons décidément marre de ce pays. C’est probablement le plus beau qu’il nous ait été donné de visiter, mais aussi probablement le plus détestable. Habituellement, nous sommes heureux de quitter un pays pour la part d’inconnu de celui que nous nous apprêtons à visiter. Dans le cas présent, nous sommes heureux de le quitter pour le simple fait de ne plus revoir sa population.


Lovina, le dimanche 3 septembre.


A la première heure ce matin, avec une vingtaine d’autres bateaux, nous prenons le large pour observer quelques dauphins. C’est une course qui s’engage, un jeu que les dauphins semblent apprécier. De temps à autre, l’un d’eux s’exerce à quelques acrobaties.

Retour pour Ubud. A mi-chemin. Nous faisons halte dan un lotissement. Ceux-ci consistent en une dizaine de maisons que de grands murs protègent des esprits. De toute évidence, ces murs préservent également les habitants de la venue intempestive de touristes. Aussi, nous ne savions pas si nous avions le droit de pénétrer l’enceinte du lotissement et sommes rassurés de voir quelques habitants plus soucieux des problèmes que nous pourrions avoir que de notre présence dans ce lieu. Nous sommes par ailleurs invités à rester nous reposer le temps qu’il nous faudra. Un temple est bien entendu à la disposition de cette petite communauté.

Le soir, nous assistons à un spectacle de danse Legong. C’est peut-être la première fois que nous sommes touchés par l’ampleur artistique balinaise, que ce soit par l’orchestre de gamelan que par les danseurs dont toutes les parties du corps (jusqu’aux yeux, aux doigts) suivent le rythme. La rapidité d’exécution de certains gestes contrecarrant la lenteur d’autres est époustouflante.


Ubud, le mardi 5 septembre.


Nous consacrons les deux derniers jours à la visite des villages environnants. Incontestablement, les balinais sont des artistes. Autrefois dédiés aux temples et d’une manière générale à la religion, l’art est, depuis l’ouverture de l’île sur le monde et l’arrivée massive du tourisme, désormais reconnu et commercialisé à l’excès.

De ce que nous voyons, nous retenons les sculptures sur bois, sur pierre, les peintures comme favoris. Nous ne pouvons que contempler les artistes à l’œuvre et les objets finis une fois exposés.

Un constat. La concurrence fait rage ici aussi. Des villages entiers sont voués à produire le même objet. C’est même impressionnant de remarquer l’homogénéité parfaite qui s’en dégage. Certains produits sont bien sur exportés vers nos contrées. La plupart de nos galeries commerçantes en sont abondamment fournies.

Quand nous contemplons les masques Barong, nous ressentons les même sensations que nous avions éprouvées face aux wayang kulit. Nous n’aimions pas vraiment. Pourtant, l’observation de l’expression Barong, à travers ses danses, ses tableaux, ses sculptures, est en passe de changer nos assentiments.


Gili Air, le mercredi 6 septembre.


Départ pour les îles Gili, à faible distance de Lombok. Six heures étaient officiellement prévues pour les rejoindre, c’est en fait une journée complète que nous passons dans les transports, enchaînant bus et bateaux. De Lombok, nous ne retiendrons pas grand chose si ce n’est le retard de développement qu’elle accuse à côté de la touristique Bali. Cette île n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler le Laos. Visiblement, les enfants sont au travail, les routes moins nombreuses,…

Nous arrivons sur Gili Air dans la soirée. Le calme règne en maître sur l’île. Pas de route goudronnée, seuls des chemins de terre bien tamisés. Le bruit du vent, de la mer, des charrettes, mais également celui des poules et des coqs semblent ici rythmer le quotidien.


Gili Air, le jeudi 7 septembre.


Après deux mois de course ininterrompue, confrontés à une population assoiffée, nous prenons un repos bien mérité. Pour seule activité sur l’île, la plongée de surface est un intermède rafraîchissant à nos promenades sous un soleil étouffant. Le tour de l’île s’opère en une heure trente. Sa traversée présente une vie rurale bien établie qui saurait se passer d’une présence touristique.


Gili Air, le vendredi 8 septembre.


Des deux moments les plus forts de la journée, citons le lever et le coucher de soleil. C’est un plaisir que de les contempler. A l’est, le soleil se lève sur le volcan Rinjani de Lombok. A l’ouest, il se couche sur volcan Agung de Bali, le frère spirituel de Bromo. Enfin ! Estimons nous heureux ! Bien que toujours à proximité d’un volcan, aucun n’a menacé de se laisser aller à quelques caprices.

L’île, touristiquement exploitée sur ses rivages, présente en son centre une aridité pour le moins surprenante quand on la compare à Bali. Mille habitants la peuplent dans des conditions rurales bien précaires.


Gili Air, le samedi 9 septembre.


Gili Air : conclusion.

Nous cherchions le repos, nous l’avons trouvé. Population non agressive, soleil, plage,… Seul reproche, la proximité du soi-disant massif corallien, ajouté à la presence de forts courants maritimes le bordant, nous contraint, au même titre que les autres touristes à se baigner dans un espace restreint.


Ubud, le lundi 11 septembre.


Une journée complète de transport nous ramène à Bali, plus précisément à Ubud. Nous retrouvons tous nos repères, ses restaurants, ses boutiques, ses danses. D’ailleurs, dans la soirée, un spectacle Barong nous présente une nouvelle facette des danses balinaises. La présence de masques, de déguisements, d’un narrateur apparente plus cette comédie musicale à une pièce de théâtre que ne l’a suggèrée la danse Legong. Ce sera là notre dernière vision d’Indonésie.

Demain, la journée se réduira à attendre un avion. Sans en comprendre les raisons, nous manifestons une joie à l’idée de ce déplacement aérien. C’est probablement la quête du nouveau ou du renouveau qui nous empare.


En guise de conclusion.


Nous ne manifestons aucune tristesse à quitter ce pays. Pourtant, nous ne regrettons pas davantage de l’avoir visité. Il est incontestablement le plus beau que nous ayons visité jusqu’alors que ce soit pour la beauté de ses volcans toujours en activité, pour la richesse de ses terres et l’exploit humain à les cultiver, pour l’existence d’imposants sites religieux, pour la conservation et le respect de ses traditions. Aussi, il faut bien le reconnaître, les indonésiens sont des artistes nés. Chaque région témoigne de cette vérité et offre ainsi un attrait supplémentaire, attrait qui d’ailleurs peut justifier à lui seul la visite régionale tant l’art exposé est original et authentique.

Si nous ne manifestons aucune tristesse, c’est sûrement grâce à cette population racoleuse qui fait surface. Les causes : probablement sa pauvreté, l’incompétence du gouvernement en cet instant de crise, le comportement des vacanciers consistant à exposer ses dollars sans réaliser l’écart ainsi creusé. Si au fond nous comprenons cette population marginale et l’excusons, nous sommes lassés de ses agressions multiples et aurons plaisir à retrouver une Thaïlande, soit superficielle, mais au peuple attentif.

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