Windhoek, le lundi 16 août.


Enfin arrivé ! Ce n’est pas tant le temps de vol qui peut-être mis en cause, mais les nombreux changements opérés ont largement contribué aux vingt-quatre heures nécessaires pour rallier la capitale namibienne.

Oublions toute image qu’on peut se faire de l’Afrique. La Namibie est un pays développé. En témoigne cette capitale aux larges avenues, aux magasins sans nationalité qui les bordent, aux véhicules modernes qui les arpentent. Voilà donc un pays, aussi faiblement peuplé soit-il – moins de deux millions d’habitants y vivent -, qui a su tirer profit de ses quelques richesses minérales et maritimes,… Avec ses quelques deux cent milles habitants, Windhoek (prononcer Wintouk) reflète logiquement cette richesse.

Le brassage racial rappelle le lourd passé colonial du pays, qu’il s’agisse du colon allemand, ou de l’emprise sud-africaine ultérieure. Dans tous les cas, et même si certains locaux précisent qu’il faudra plusieurs générations pour abolir définitivement l’esprit post-apartheid, les différents peuples semblent vivre en harmonie sans rancune apparente.

Quant à nous autres touristes, il est fréquent qu’une prise de contact soit initiée, sourire aux lèvres bien entendu. Et l’on perçoit alors un peu de cette image africaine, si chère à nos cœurs.

Petite prise de panique le soir venu. Moi qui avais pris l’habitude de chevaucher seul les terres de nombres de pays, avec pour seul guide le Lonely Planet, voir ce groupe de dix personnes – j’en retrouverai six autres demain – m’a fait frémir. Comment ressentir et percevoir le charme d’un pays quand on se promène en troupeau ? Tout ceci me rappelle que je ne suis pas là pour échanger de la chaleur humaine avec quiconque mais bien pour observer cette faune si réputée qui m’attend. Comme en Bolivie, il y a deux ans, je ne m’attends aucunement à subir de dépaysements mais à m’en prendre plein les yeux !


Sesriem, le mardi 17 août.


Les voyages organisés ont tout de même du bon, et au moins cela que tout est planifié. Après une première nuit passée dans un hôtel des plus confortables, un camion bus récupère notre troupeau – dernière fois que je nous appelle comme ça, c’est promis – à la première heure pour nous emmener à trois cent kilomètres de la capitale dans l’une des régions les plus visitées de la Namibie, Sossusvlei et ses dunes rougeâtres parmi les plus élevées au monde.

A cheval entre l’altiplano boloviano-chilien et le sud-est malgache, je m’enivre délicieusement de cet environnement semi-désertique, de son tapis broussoneux qui le coiffe, de ses montagnes rougeâtres et verdâtres qui le borde. A 1800 mètres d’altitude, le soleil est plus que supportable. Ici et là, quelques mammifères montrent leur tête : autruches, babouins, gnous, oiseaux… De l’inattendu qui émerveille à chaque instant. Je suis sous le charme !

Dans cet environnement aride, je suis curieux de savoir comment ces quelques animaux peuvent vivre. Quelle étrange mais logique organisation par exemple que celle des « Solitaire’s weavers ». Ces oiseaux endémiques trouvent tout le confort dans le peu d’arbres qu’ils investissent en nombre important. Plusieurs centaines d’oiseaux les comblent en leur redonnant un semblant de vie, leur nid se substituant aux feuilles.

Incroyable ! Des lieux si vides me rappellent à quel point notre existence est insignifiante. Ici, on se sent ridiculement petit. On se sent parfaitement inutile. Voilà donc un coin de monde que nos civilisations pourraient ne pas venir polluer ni détruire de sitôt et qui préserverait sa nature sauvage. Quel bonheur d’y songer !

Et voilà que je me mets à admirer quelques « farmers » qui vivent dans des coins aussi hostiles, ayant un puits pour seule source d’eau, sans électricité et à plusieurs dizaines de kilomètres de la première habitation.

Le soir venu, un camp est installé à Sesriem. Je passerai ma première nuit dans le désert du Namib.

Quelques quatre-vingt français ont également investi le camp. Ils retracent une expédition du début du siècle avec leur veille traction. Je me demande comment ces engins d’un autre temps arrivent à traverser des régions aussi inhospitalières. Chapeau messieurs !


Sossusvlei, le mercredi 18 août.


Sossusvlei est le site le plus couru de la Namibie. Et à voir le spectacle qu’il offre…

A l’image du laguna colorada de Bolivie, il est de ces spectacles qui laissent le voyageur perplexe, lui éveillant tous ses sens. Que de beautés ce monde nous réserve-t-il ? J’ai de nouveau la sensation que je ne pourrai voir d’aussi beaux décors.

Un mélange nuancé de rouge et de blanc, jonché ici et là d’arbres endormis, qui se découvre petit à petit au lever du soleil. L’appareil photo est la seule réponse que je puisse apporter, comme mes autres camarades de route, même si cette atmosphère dans laquelle je baigne se ressent de l’intérieur.

Une petite marche de quatre kilomètres jonglant ou escaladant différentes dunes rougeâtres offre un exercice à la hauteur de mes espérances. Ces dunes qui changent d’allure à chaque pas présentent des contrastes envoûtants et notamment avec la blancheur éclatante que quelques minéraux fournissent, laissées par des eaux il y a des millénaires de cela.

Sossusvlei n’est pas un site défini géographiquement. Il représente la dernière masse minérale qu’on puisse observer et qui dépend bien entendu des sables qui la recouvreront ou non. Littéralement, le nom signifie « la fin de la fin ».

Quant à la beauté de ces dunes rougeâtres, il est arbitraire de préciser qu’elles sont parmi les plus hautes du monde. La plus haute culmine à 320 mètres – quand on pense qu’on pourrait y cacher la tour Eiffel. La grimper prend quelques quatre-vingt dix minutes et la descendre… à peine cinq minutes en s’offrant l’illusion de voler. Et voilà comment s’éveillent tous nos sens. Après une grimpette éprouvante, on s’offre une des plus belles vues au monde avant de s’envoler pour un retour mérité.

De retour dans la soirée à Sesriem, il paraît difficile de s’émerveiller par le Canyon du même nom, même si celui-ci est impressionnant de par sa taille.

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