Une visite de l’île, en long, en large et en travers
Singapour est une métropole que nombre de pays alentour aimeraient détenir. Pour l’exemple, la Malaisie et Kuala Lumpur. On dit que cette capitale souhaiterait rivaliser avec la métropole en question. Pour ce qui est de Singapour, on retiendra sa légendaire propreté que les agents de police veille à faire préserver, son abondance de moals où l’on ne fait pas autant d’affaires qu’on veut bien le prétendre, ses quartiers conservés où les retaurations vont bon train et les couleurs des bâtisses se font chatoyantes, son développement hautement technologique.
Après plusieurs semaine passées dans les pays limitrophes, il est très plaisant de retrouver une cité comme celle là, à l’organisation irréprochable, présentant une population fort sympathique, où l’on passe anonymement…
… Même si l’ennui propre à ces cités modernes se fait vite ressentir. On en vient finalement rapidement vouloir retrouver l’attachant bordel des autres nations toutes proches.
Singapour, le mercredi 28 juin.
C’est avec enthousiasme que nous partons pour un nouveau pays. Petit instant de bonheur lié à la notion d’inconnu.
Le passage de la douane est une course contre la montre. On prend le bus. Arrivés au pont, point de sortie de la Malaisie, nous descendons du bus. Formalités douanières. Nous courrons, nous reprenons le bus, passage du pont. Point d’entrée à Singapour, nous descendons du bus. Nous remplissons, stressés, les formulaires administratifs. Nous courrons à nouveau, puis rattrapons le bus en direction du centre ville. Bienvenue dans nos cités modernes ! En voici un premier signe extérieur : nous sommes surpeuplés. Chacun, pressé, fait la queue mais personne n’avance. Et dire qu’un bon nombre de singapouriens et de malaisiens vivent cela tous les jours au passage de la frontière !

La ville se montre étonnante. Elle est verdoyante. Le béton, bien qu’omniprésent, est dissimulé. Ce n’est qu’arrivés dans le centre que la végétation s’efface, que la métropole se dévoile.
Nous savions à quoi nous en tenir. Singapour est la capitale par excellence des amendes. Ici, tout est réprimandable : cracher par terre, y jeter papier ou cigarette, traverser hors des passages cloutés,… Pourtant, nous sommes surpris de constater que Paris n’a rien à y envier. Si, comparé au reste de l’Asie, Singapour est une référence en terme de propreté, il n’en reste pas moins que ces répressions excessives ne sont pas appliquées.
Singapour, le jeudi 29 juin.
Départ pour une journée de marche. Chinatown est notre première destination. Nous sommes surpris de l’apparence rénovée de ce quartier. Les couleurs chatoyantes des bâtisses contribuent à son embellissement, pour le plaisir de nos yeux. Des commerces modernes, touristiquement adaptés, ont remplacé les échoppes traditionnelles telles que nous avons pu en rencontrer antérieurement. L’animation s’en trouve affectée, semble avoir quasi-disparue. Bien que déplorant cette situation, nous prenons plaisir à arpenter les rues. C’est là, la concrétisation d’un dynamisme économique.
Chinatown
La métropole déploie ses tentacules. Nous apercevions déjà les buildings de Chinatown, nous en sommes maintenant en plein cœur. La petite bulle dans laquelle nous nous trouvions a laissé place aux malls et aux bureaux.
Seul point commun entre ces deux univers, le commerce fait foie. Dans un esthétisme parfait, les produits se succèdent, les commerces s’enchaînent, la tentation de consommer est difficile à contenir. Les deux principales activités ludiques de Singapour consistent en « shopping » et restauration. Sa population excelle dans l’art et la manière de vendre. A en juger par le nombre d’écoles de commerce, seule cette discipline semble avoir de l’avenir. Un petit tour dans une librairie est d’ailleurs révélateur. Toutes les matières, qui nous sont familières, propre aux phénomènes de société (sociologie, philosophie…) sont ici absentes.
Dans la soirée, nous retrouvons le charme authentique du quartier indien. Le dynamisme économique auquel nous avons fait allusion ne semble pas l’avoir encore atteint. Quoique également rénové, il a su conserver ses échoppes traditionnelles, ses commerces de soieries, ses épiceries… Ici, pas d’antiquité surfaite, pas d’adaptation touristique.
Singapour, le vendredi 30 juin.
Après une courte nuit (Euro 2000 oblige), une fois nos courbatures dissipées, nous repartons à la découverte de nouveaux quartiers : toujours plus de malls, plus de monde, plus de tout. Rien de ce que nous pouvons voir ici ne nous intéresse. Paris regorge déjà de tels articles. Seuls les bus sont là pour nous distraire. Remplaçant des panneaux publicitaires absents dans les rues, les bus se suivent, peintures et autocollants à l’effigie des grandes marques.
Parking à vélo
Singapour continue dans sa percée expansionniste. De toute part, des tours s’érigent, les grues sont à l’œuvre. Le modernisme qui en découle n’est pas sans engendrer une perte des traditions. Le gouvernement s’en inquiète et tente de renouer la capitale avec son passé. Les musées sont en construction, les affiches sollicitent la population à parler le mandarin. Nous ne voyons guère comment ce gouvernement pourrait mener à bien une tâche aussi difficile. La métropole est multiraciale et, bien que les chinois soient majoritaires, l’anglais fournit une apparente unicité et conforte la ville, tournée vers l’extérieur, dans sa situation de port franc.
Seuls les temples et les lieux de prière en général reflètent l’attache des peuples à leur religion respective. Présents en grand nombre, ils percent le modernisme environnant. A noter ! La transformation d’une église en complexe commerciale contredit ce constat. Encore une fois, le commerce a pris le dessus.
Ce soir, nous partons sur l’île de Sentosa. Les buildings se sont ici faits oublier, les attractions touristiques les ont remplacé. Nous y visitons le plus grand aquarium du monde ! L’avancée dans un tube de verre permet de voir des raies, requins et autres s’y mouvoir. Plus tard, un spectacle d’eau « sons et lumière » termine bien la soirée.
Singapour, le samedi 1er juillet.
Une dernière petite balade dans la ville, notre folle course contre la montre reprend. Nous repartons pour la Malaisie. Le trajet se déroule dans des conditions bien pire encore qu’à l’aller. Beaucoup trop de monde passe cette frontière le week-end.
Temple hindou
Un constat frappant propre à toute capitale développée, semble-t-il ! Dans un stress silencieux, chacun s’étouffe, se tient chaud sans décrocher un sourire. Nous repensons brièvement au folklore des bus laotiens. Nous sommes loin de la joie de vivre qui y régnait.
Autre constat : bien que très sophistiqué, ultra-informatisé, le poste singapourien est un calvaire. Tout est trop long comparé au poste malais. C’est à se demander si le modernisme est synonyme de progrès.
Petite note : Singapour est une ville, une île, un pays dans lequel nous nous sommes bien sentis. Nous pourrions très facilement y vivre. Décidément, nous sommes bien des citadins !